Duras a 100 ans. Hors de question de parler d’elle au passé. Nous avons voulu souhaiter cet anniversaire en grande pompe en lui consacrant ce dossier. Pour cela, il nous fallait une maître d’œuvre à la hauteur : c’est naturellement que nous avons pensé à la magnifique Dominique Blanc, qui a porté La Douleur pendant trois ans sur les scènes du monde entier. Elle a accepté sa mission – rédactrice en chef de ce dossier – avec un enthousiasme, une énergie et un investissement tels que l’aventure fut dévorante jusqu’au délice. C’est ça, l’effet Marguerite.
Rédactrice en chef ? Ça, c’est un vrai rôle ! Pour Causette, journal insolent, intelligent et indigne : j’adore. Pour évoquer ma passion pour Marguerite Duras : un rêve. Oui, je languis, je brûle pour Duras. Elle est entrée dans ma vie quand j’avais 17 ans. Mme Gerbe, professeure de français, le cheveu rouge et court, nous imposa à nous, classe de première scientifique, Un barrage contre le Pacifique. Et nos âmes rebelles se prirent de passion pour la forêt de Siam, Sadec, Suzanne et son amant chinois. Duras surgit à nouveau avec La Douleur, grâce à Patrice Chéreau et Thierry Thieu Niang. Lecture à deux puis spectacle, seule sur scène, où j’incarne M en avril 1945 à Paris. De 2008 à 2011, j’ai joué sur les routes de France et puis dans le monde. Chaque soir, le verbe durassien m’a saisie, prise à la gorge et aux boyaux, tout comme Phèdre ! Quel mystère palpite au cœur de sa prose et m’emporte, ardente et passionnée, dans cette tragédie du XXe siècle et le génocide de tout un peuple ? Je suis tombée amoureuse à mon tour à nouveau de M. D. J’aime cet état d’indignation permanent, cette fraternité avec l’Autre, cet esprit de révolte, cet espoir envers et contre tout, et son engagement politique. Les Cahiers de la guerre, écrits de 1943 à 1949 et édités chez P.O.L, sont à ce jour mon livre préféré, car on y trouve « l’enfance de l’œuvre », toutes les promesses d’écriture à venir. Je suis allée à Caen, à l’Imec, à l’abbaye d’Ardenne. J’ai voulu voir et toucher ces quatre cahiers d’écolière, voir son écriture manuscrite. J’ai voulu rencontrer dix personnages, spécialistes ou passionnés, pour cerner le continent Duras… Au fur et à mesure, Marguerite est apparue…
Biographe et critique de cinéma, Jean Vallier a entretenu des relations amicales et professionnelles avec l’écrivaine pendant une vingtaine d’années et lui a consacré une biographie monumentale. Pour Causette, il explore ce qu’elle nous a légué une fois passée à la postérité.
En 1985, Duras publie La Douleur, où elle raconte sa souffrance durant la déportation de son mari Robert Antelme. Elle dit avoir écrit ce livre à partir des cahiers rédigés pendant la guerre, dont elle avait oublié l’existence et qu’elle a retrouvés quarante ans plus tard. Beaucoup l’accusèrent alors de…
Anne Consigny a joué Savannah Bay, au côté d’Emmanuelle Riva, jusqu’en mars dernier au Théâtre de l’Atelier, à Paris. Si la comédienne appréciait peu Duras en tant que femme et réalisatrice, elle éprouve en revanche une profonde admiration pour l’écrivaine.
Bulle Ogier a été l’une des actrices fétiches de Marguerite Duras, qui l’a fait jouer au théâtre (L’Eden Cinéma, Savannah Bay) et dans ses films (Le Navire Night, Agatha et les lectures illimitées). Les deux femmes ont été très amies des années durant. Pour nous, Bulle se souvient…
Le grand comédien et la toute petite Marguerite étaient comme les deux doigts de la main. Ils ont multiplié les projets ensemble, et Duras lui a offert ce qu’il considère comme l’un des plus beaux rôles de sa vie : celui du vice-consul dans son film India Song.
Emmanuelle Riva a tourné Hiroshima mon amour, réalisé par Alain Resnais et sorti en 1959, à partir d’un scénario de Marguerite Duras. Elle a reçu en 2012 le prix Marguerite-Duras et, cette année, le prix Beaumarchais de la meilleure comédienne pour Savannah Bay.
Sociologue et philosophe réputé, Edgar Morin, 93 ans aujourd’hui, a été l’ami intime de Marguerite Duras. Il a fait partie, avec elle, de ce que l’on a appelé le “groupe de la rue Saint-Benoît”.
Christian Jouvenot est psychiatre et psychanalyste. Il est l’auteur de La Folie de Marguerite et d’Aimer Duras. Il nous parle de Marie Donnadieu, la mère de Marguerite Duras.
Duras aimait les hommes. Passionnément. L’amour physique, charnel, intellectuel est partout dans son œuvre. Laure Adler, qui a publié en 1998 la première grande biographie de Marguerite Duras et qui l’a, à cette occasion, souvent rencontrée, nous parle de son rapport à la séduction.
En 2011, le premier tome de Cinquante nuances de Grey déboulait dans les librairies françaises et dopait le marché du livre érotique. Dix ans plus tard, les pratiques de lecture ont évolué avec l’avènement du numérique, mais le désirpour...
« Espèce de Bisounours, va ! » Quiconque ose défendre l’idée d’une société solidaire et égalitaire est aujourd’hui renvoyé dans les cordes de la bien-pensance.
Travailler plus pour gagner plus ? Obsolète ! La crise sanitaire et le dérèglement climatique nous incitent à repenser notre rapport au temps et à la valeur travail. Si la gestion de carrière et la richesse économique ont...