Finale La Maestra 2024 ©Pauline Ballet
Finale La Maestra 2024 ©Pauline Ballet

La Maestra, le concours qui veut sor­tir les cheffes d’orchestre de l’ombre

Féminiser les pupitres, dans un uni­vers encore loin de la pari­té, telle est l’ambition du concours La Maestra, qui vient de cou­ron­ner la cheffe d’orchestre israé­lienne Bar Avni pour sa troi­sième édition.

Au-​delà du talent et du tra­vail des lau­réates, La Maestra “est là pour aider ces jeunes femmes, si elles le méritent bien sûr, à pou­voir sor­tir de l’ombre et avoir une chance de mon­trer ce qu’elles savent faire”, raconte Nathalie Stuztmann, direc­trice musi­cale de l’Atlanta Symphony Orchestra et pré­si­dente du jury, qui fait figure de pion­nière dans la pro­fes­sion. Cette année, deux cents can­di­dates venues de douze pays avaient été rete­nues pour pas­ser les der­nières épreuves de cette com­pé­ti­tion, clô­tu­rée dimanche par la vic­toire de la cheffe d’orchestre Bar Avni, 34 ans, devant la Russe Liubov Nosova et l’Allemande Katharina Morin.

Pendant deux ans, La Maestra offre aux lau­réates et demi-​finalistes un pro­gramme d’accompagnement sur le plan inter­na­tio­nal et sur mesure : des concerts, bien sûr, mais aus­si des ses­sions de men­to­ring et de coa­ching, des mas­ters classes, des ren­contres pro­fes­sion­nelles, des pro­jets édu­ca­tifs… Bar Avni, qui avait rem­por­té en 2018 le Prix de l’orchestre du Concours de direc­tion d’orchestre Fiterlberg et vit désor­mais en Allemagne, y voit une aide afin de “savoir prendre les bonnes déci­sions, pour [s]’amé­lio­rer dans [sa] voie pro­fes­sion­nelle”.

"Bastion des hommes"

“Je n’ai pas encore réa­li­sé, mais je suis très heu­reuse et très hono­rée”, a confié la musi­cienne israé­lienne, actuel­le­ment à la tête de la Bayer Philharmoniker Leverkusen en Allemagne, après sa vic­toire à la Philharmonie de Paris. “Elle a une très bonne tech­nique et a démon­tré matu­ri­té et savoir-​faire dans l’exécution, dans la manière de com­mu­ni­quer ce qu’elle sou­hai­tait obte­nir à l’orchestre, a com­men­té Nathalie Stutzmann. De par sa confiance en elle, l’orchestre se sen­tait en sécu­ri­té.” Un avis par­ta­gé par Claire Gibault, cofon­da­trice et codi­rec­trice de La Maestra et cheffe du Paris Mozart Orchestra, qui loue l’“expres­sion cor­po­relle for­mi­dable” de Bar Avni, sa “pro­fon­deur”, son “expé­rience” et son “rayon­ne­ment per­son­nel dra­ma­tique”.

Cette mise en lumière par­ti­cu­lière de cheffes d’orchestre est “hélas encore néces­saire pour répa­rer les retards” dans le che­min vers la pari­té, constate par ailleurs Nathalie Stuztmann, qui ajoute tout de même que “c’est en train de chan­ger”. Le métier de chef·fe d’orchestre est “res­té le bas­tion des hommes pen­dant extrê­me­ment long­temps”, pour­suit la Française, seule direc­trice musi­cale aux États-​Unis, qui a “hâte d’arriver aux années où ce concours spé­ci­fique ne sera plus néces­saire”. Selon Claire Gibault, aujourd’hui, seule­ment “10 % de femmes sont pro­gram­mées dans les orchestres per­ma­nents euro­péens, contre 4 % en 2018. Ce n’est pas suf­fi­sant”, déplore-​t-​elle, sou­li­gnant qu’il faut “du temps pour que les femmes se sentent légi­times, accom­pa­gnées, reconnues”. 

Lire aus­si I Pomme : “Aujourd’hui encore, être femme et ambi­tieuse, c’est compliqué”

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.