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© Steve Ackerman-Fremantle

“Little Bird” : une fresque puis­sante sur la rafle des enfants autoch­tones au Canada dans les années 1960

Portée par une héroïne saisissante de dignité, cette minisérie canadienne explore le traumatisme des communautés autochtones, victimes d’un génocide culturel longtemps passé sous silence. Un récit en forme de quête identitaire à découvrir sur Arte.tv puis Arte…

Bezhig Littlebird est âgée de 6 ans à peine lorsqu’elle est arrachée à sa famille aimante par les services de protection de l’enfance, puis placée à l’adoption. La scène, violente, déchirante, se passe en 1968 au Canada. Sa petite sœur et son frère jumeau l’accompagnent dans cet exil forcé, au moins dans un premier temps. Qu’ont-ils fait de si grave, ou leurs parents, pour être ainsi enlevé·es, sans espoir de retour, puis séparé·es et disséminé·es à travers le pays ? Rien d’autre que d’être Amérindien·nes. Vivant discrètement, modestement, sur la réserve de Long Pine, dans la région du Saskatchewan, ils et elles n’ont eu de cesse, comme tant d’autres, d’être persécuté·es. De fait, Bezhig, personnage fictif, est emblématique des vingt mille et quelque enfants des communautés des Premières nations, métisses et inuites, qui furent enlevé·es en toute légalité, dans les années 1960 au Canada, pour être “assimilé·es” à la culture dominante.

Ce génocide culturel, initié et validé par le gouvernement de l’époque, identifié aujourd’hui comme “la rafle des années 1960", a longtemps été passé sous silence. Little Bird est la première série à en parler. Elle le fait avec une force et une dignité idoines, d’ailleurs saluées par le Prix du public au festival Séries Mania 2023. Le profil de sa créatrice, Jennifer Podemski, n’est sans doute pas étranger à cette réussite. Cette showrunneuse canadienne, anichinabée par sa mère, a ainsi souhaité s’appuyer sur une équipe technique et un casting d’ascendance autochtone directement concernés par les faits, comme elle.

Un sentiment d’immersion, d’empathie, de proximité domine donc tout le long des six épisodes, qui déroulent patiemment la quête d’identité de Bezhig, dénommée Esther par sa famille adoptive, lorsque, la vingtaine venue et alors qu’elle est sur le point d’achever ses études de droit et de se marier, elle entreprend de faire des recherches. Son travail de mémoire, hésitant, douloureux mais irrépressible, oscillant entre flash-back traumatiques (dans les années 1960) et enquête malaisante (dans les années 1980), touche d’autant plus profondément que l’ensemble des interprètes, les premiers comme les seconds rôles, font preuve d’une finesse de jeu remarquable.

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Little Bird, de Jennifer Podemski et Hannah Moscovitch. Série de 6 épisodes de 45 min. à partir du 16 mai sur Arte.tv et du jeudi 23 mai à partir de 20 h 55 sur Arte.

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