Trois séries à binge-watcher sans modération au mois de juin : Oussekine, la saison 4 de Borgen et la deuxième saison de Parlement.
Oussekine, un passé qui ne passe pas
Oussekine. Le titre est aussi direct que le sujet est inattendu (surtout sur Disney +). En se penchant sur l’« affaire Malik Oussekine », tragédie qui a marqué toute une génération, cette création française détonne et bouleverse comme rarement.
Un peu d’histoire, d’abord : Malik Oussekine est cet étudiant de 22 ans qui, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris, a été tabassé à mort par des policiers. Un garçon paisible, extérieur aux manifs qui faisaient rage alors contre la loi Devaquet sur la réforme des universités (il revenait d’un concert). Un jeune Français ordinaire qui, très vite, est devenu un symbole…
Nul hasard si les quatre volets d’Oussekine s’articulent autour de trois temporalités : celle qui relate cette nuit funeste, celle qui accompagne le combat de sa mère, de ses frères et ses sœurs pour obtenir justice, et celle qui revient sur les origines algériennes de sa famille. En reliant les événements de 1986 à un passé colonial plus ancien, les scénaristes nous rappellent que l’Histoire, souvent, se répète, et ses violences avec… Hier comme aujourd’hui.
Ambitieux ? En effet ! Mais son créateur, Antoine Chevrollier (Le Bureau des légendes, Baron noir), a su faire les bons choix. Servi par de remarquables interprètes (dont Hiam Abbass, Tewfik Jallab, Malek Lamraoui, Mouna Soualem et Olivier Gourmet), son récit reste sobre et digne de bout en bout. Mieux encore, il est à la fois minutieux (la restitution de l’époque est saisissante) et courageux (les manipulations de l’État pour couvrir cette bavure sont dûment relatées). En clair, Oussekine est une série politique magistrale… et nécessaire par les temps qui courent.
Oussekine, d’Antoine Chevrollier. Série de 4 épisodes de 60 min. Sur Disney +.
Borgen, saison 4
Elles nous ont tellement manqué toutes les deux ! Elle, la sémillante Birgitte Nyborg, première femme Premier ministre du Danemark ; et elle, Borgen, une femme au pouvoir, la palpitante série politique dont elle est l’héroïne. Dix ans après la diffusion de la saison 3, Netflix dévoile les huit épisodes de la saison 4, inédite en France, à partir du 2 juin, et c’est fantastisk. En clair, l’on se réjouit de retrouver cette femme pionnière, désor- mais ministre des Affaires étrangères dans un gouvernement dirigé par une autre femme… Le créateur original, Adam Price, annonce une « saison plus internationale que les précédentes, mais qui reste très danoise ». Le suspense est donc de mise… Avec une certitude néanmoins : Birgit, évidemment incarnée par la charismatique Sidse Babett Knudsen, ne nous décevra pas.
Borgen, saison 4, d’Adam Price. Série de 8 épisodes de 58 min. Sur Netflix à partir du 2 juin.
Parlement, saison 2
Forte de son succès il y a un peu moins de deux ans, la série Parlement s’en revient pour une deuxième saison sur France.tv Slash, et c’est carré- ment l’ode à la joie ! Toujours aussi futée, elle nous immerge de nouveau dans les arcanes du Parlement européen, que la plume alerte de Noé Debré, son créateur et coscénariste, parvient à rendre intelligibles et sexy, mais si, mais si. Le fait est qu’on retrouve avec bonheur le jeune Samy, son héros burlesque (interprété par le pétillant Xavier Lacaille), qui assiste désormais une ambitieuse eurodéputée française fraîchement élue. Un Samy net- tement moins naïf qu’en saison 1, mais toujours aussi incompétent et débordé… Dialogues (multilingues) facétieux, quiproquos savoureux : on pense aux comédies de bureau, façon The Office, comme aux satires politiques américaines, façon Veep. Bref, on se régale !
Parlement, de Noé Debré. Saison 1 rediffusée depuis le 9 mai chaque lundi à 21 heures sur France 5. Saison 2 (inédite) sur France.tv Slash.