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© Jametlene Reskp / Unsplash

Certaines espèces pour­raient être mieux adap­tées que pré­vu au réchauf­fe­ment climatique

Certaines espèces pour­raient être natu­rel­le­ment capables de s’adapter à des condi­tions cli­ma­tiques actuel­le­ment incon­nues sur Terre, un phé­no­mène qui limi­te­rait la perte de bio­di­ver­si­té mas­sive engen­drée par le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, selon une étude publiée mer­cre­di dans la revue Nature Ecology and Evolution.

Grâce à une étude publiée ce mer­cre­di, les chercheur·euses de l’Institut fran­çais de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et de l’université de Lausanne (Suisse) ont annon­cé une rela­tive bonne nou­velle. Après avoir étu­dié la pro­por­tion d’espèces vivant dans des condi­tions proches des limites cli­ma­tiques actuel­le­ment admises sur Terre (c’est-à-dire ‑70 °C en Antarctique et +48 °C à l’équateur), les scien­ti­fiques en ont déduit que cer­taines espèces pour­raient être natu­rel­le­ment capables de s’adapter aux condi­tions cli­ma­tiques futures.

Ces limites cli­ma­tiques n'ont pas tou­jours été les mêmes. "Il y a 130 000 ans, la Terre était plus chaude, de 3 à 4 degrés", sou­ligne Mathieu Chevalier, cher­cheur en éco­lo­gie marine à l’Ifremer. Or, "ce que nous disent les études paléo-​écologiques, c'est que plein d'espèces sont pro­ba­ble­ment capables de sur­vivre à des tem­pé­ra­tures plus éle­vées que celles qui existent actuel­le­ment. Potentiellement, on a des espèces pré­adap­tées à des tem­pé­ra­tures plus chaudes", déve­loppe le cher­cheur. Selon lui, les limites actuelles ne seraient "pas de vraies limites éco­lo­giques" pour cer­taines espèces.

De 54% de dis­pa­ri­tion d'espèces à 39%

En ana­ly­sant les niches éco­lo­giques de 25 000 espèces ter­restres et marines (ani­males et végé­tales), les chercheur·euses ont consta­té que 49 % de ces espèces vivaient dans des niches proches des limites cli­ma­tiques actuelles. Or, par­mi ces espèces, beau­coup ont une niche éco­lo­gique sus­cep­tible de béné­fi­cier du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, à condi­tion qu’elles soient bien pré­adap­tées à des tem­pé­ra­tures plus chaudes. “Lorsqu’une espèce est mar­quée par des condi­tions cli­ma­tiques, elle garde une pré­adap­ta­tion à ces condi­tions qui peut per­du­rer sur des mil­liers, voire des mil­lions d’années. Si son habi­tat évo­lue vers un cli­mat que l’espèce a déjà connu par le pas­sé, cette pré­adap­ta­tion lui offri­ra alors une tolé­rance à ces nou­velles condi­tions cli­ma­tiques”, explique Antoine Guisan, pro­fes­seur d’écologie spa­tiale à l’université de Lausanne, cité dans un communiqué.

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Grâce à cette pré­adap­ta­tion, la perte de bio­di­ver­si­té due au réchauf­fe­ment cli­ma­tique serait ain­si moins forte que pré­vu pour les espèces tro­pi­cales, dont la niche éco­lo­gique serait poten­tiel­le­ment plus large que les limites cli­ma­tiques actuelles. 

Dans les zones tro­pi­cales, les modèles sta­tis­tiques tra­di­tion­nels pré­disent ain­si une dis­pa­ri­tion mas­sive de la bio­di­ver­si­té, allant jusqu’à 54% des espèces ter­restres d’ici à 2041–2060. "Notre modèle rela­ti­vise ce pro­nos­tic" en pré­di­sant une dimi­nu­tion de 39% de la bio­di­ver­si­té, relève Mathieu Chevalier. Les auteur·rices sou­lignent cepen­dant que cette esti­ma­tion de la bio­di­ver­si­té mena­cée reste "alar­mante" et ne prend pas en compte les autres fac­teurs d’extinction des espèces : perte d’habitats, pol­lu­tion, sur­ex­ploi­ta­tion, inva­sions biologiques.

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