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La der­nière cam­pagne publi­ci­taire de Bumble pro­voque un gros “bad buzz” (plu­tôt mérité)

Fin avril, Bumble lan­çait sa nou­velle cam­pagne de com aux États-​Unis. Avec ses slo­gans de (très) mau­vais goût, la pla­te­forme de ren­contre a déchaî­né les inter­nautes et déçu beau­coup d’utilisateur·rices, en relan­çant le débat de la culpa­bi­li­sa­tion des célibataires.

Lors du lan­ce­ment de la nou­velle cam­pagne de publi­ci­té de la pla­te­forme de ren­contre Bumble le 30 avril aux États-​Unis, tout ne s’est pas pas­sé comme pré­vu… Pour cause, les slo­gans “Tu ne renon­ce­ras pas au ‘dating’ et ne devien­dras pas une nonne” ou “Tu sais très bien qu’un vœu de céli­bat n’est pas la réponse” affi­chés sur des pan­neaux immenses, à plu­sieurs dizaines de mètres du sol, ne sont pas pas­sés inaper­çus. Alors que l’époque est à l’émancipation des femmes et de leurs corps, Bumble a donc jugé judi­cieux de baser leur toute nou­velle cam­pagne de publi­ci­té sur… la culpa­bi­li­sa­tion des femmes célibataires !

Après avoir sup­pri­mé en amont de cette cam­pagne tout le conte­nu de leur compte Instagram, Bumble avait chauf­fé la salle en annon­çant la refonte totale de leur image de marque. La cam­pagne visait à dra­guer les femmes "épui­sées de la scène des ren­contres", selon les mots de la pla­te­forme, évo­quant même un "wake up call" – un cri d'appel. Mission échouée pour Bumble. Dans les jours qui ont sui­vi sa dif­fu­sion, des pho­tos de leurs pan­neaux publi­ci­taires sont en effet deve­nues virales, et pas pour le meilleur.

Le nou­veau “slut­sha­ming” ?

L’affichage a sus­ci­té des réac­tions outrées. Dénonçant l’injonction sou­vent faite aux femmes à se mettre en couple (ou du moins à vivre des rela­tions intimes) pour y cher­cher leur épa­nouis­se­ment, de nom­breuses uti­li­sa­trices ont poin­té l’absurdité de ce slut­shame (humi­lia­tion des femmes en rai­son de leurs com­por­te­ments sexuels) d’un nou­veau genre. “Les femmes sont slut­sha­mées quand elles ont des rap­ports sexuels, et aus­si quand elles n’en ont pas…” com­mente une inter­naute sur X. D’autres ont éga­le­ment rap­pe­lé les avan­tages du céli­bat, dont l’actrice Julia Roberts, qui com­mente sur TikTok : “Deux ans et demi de céli­bat et je ne me suis jamais aus­si bien por­tée pour être hon­nête.” Des uti­li­sa­trices ont éga­le­ment dénon­cé le carac­tère super­fi­ciel des échanges ou des ren­contres qu’elles ont vécues sur cette pla­te­forme, rap­pe­lant par ailleurs que les appli­ca­tions de ren­contres peuvent être des espaces dan­ge­reux pour les femmes. “Rencontrer la mau­vaise per­sonne sur ces appli­ca­tions peut rui­ner ta vie ou même te tuer…” com­mente une inter­naute sur Reddit.

Un Bumble qui se vou­lait pour­tant "fémi­niste"

La colère des utilisateur·rices de la pla­te­forme de ren­contre est d’autant plus amère que l’application était ori­gi­nel­le­ment connue pour son inclu­si­vi­té et son carac­tère fémi­niste. “Depuis des années, Bumble s’est bat­tu de manière pas­sion­née pour les femmes et les com­mu­nau­tés mar­gi­na­li­sées, et leurs droits d’exercer com­plè­te­ment leurs choix per­son­nels. Nous n’avons pas été à la hau­teur de ces valeurs avec cette cam­pagne et nous nous excu­sons pour le mal que cela a cau­sé”, explique Bumble dans son post Instagram d’excuses publié le 14 mai.

À sa créa­tion en 2014, l’application s’est démar­quée par un para­mètre bien par­ti­cu­lier : seules les femmes pou­vaient faire le pre­mier pas en envoyant le pre­mier mes­sage après un “match”. La pla­te­forme se vou­lait ain­si plus safe pour ces der­nières et cher­chait à se déta­cher du “hoo­kup culture”, la culture des coups d’un soir, très en vogue sur les pla­te­formes de ren­contres comme Tinder. Cette ini­tia­tive nova­trice a pour­tant pris fin en avril der­nier, Bumble per­met­tant main­te­nant aux hommes de contac­ter les femmes en pre­mier. “Maintenant, ils auto­risent les hommes à faire le pre­mier contact, donc ils sont comme n’importe quelle appli de ren­contre”, com­mente une inter­naute sur X. Après véri­fi­ca­tion, Causette confirme que les hommes peuvent main­te­nant envoyer jusqu’à trois “com­pli­ments” aux femmes avec qui ils matchent sans qu’elles lancent la conversation.

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Machine arrière, illico

Dans son mes­sage d’excuse, l’appli recon­naît une “erreur”. “Certains des retours que nous avons enten­dus venaient de ceux qui ont affir­mé que le céli­bat est la seule réponse face à la res­tric­tion per­ma­nente des droits repro­duc­tifs ; d’autres pour qui le céli­bat est un choix ; d’autres encore venus de la com­mu­nau­té asexuelle, pour qui le céli­bat peut avoir un sens par­ti­cu­lier et une impor­tance qui ne devrait pas être réduite. Nous avons aus­si conscience que pour beau­coup, le céli­bat peut être la consé­quence de vio­lences ou de trau­ma­tismes”, explique la pla­te­forme, avant d’embrayer sur ses mesures répa­ra­trices. Elle a ain­si annon­cé le retrait de cette cam­pagne et un don de leur part vers la per­ma­nence télé­pho­nique natio­nale d’aide aux vic­times de vio­lences conju­gales et d’autres orga­ni­sa­tions. Bumble a éga­le­ment déci­dé d'offrir à ces orga­nismes leurs espaces d’affichage pour y expo­ser la publi­ci­té de leur choix pour une période don­née avant d’interpeller leur utilisateur·rices : “Continuez s’il vous plaît à vous expri­mer et à nous dire com­ment nous pour­rions faire mieux.”

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