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© Capture écran RTVE

En Espagne, les fémi­nistes se déchirent autour de la chan­son “Zorra” choi­sie pour l’Eurovision

Avant même l’Eurovision en mai prochain, le titre espagnol de la compétition déchaîne les passions. Son nom ? Zorra, qui signifie à la fois “renarde” et “salope”. Le duo Nebulossa, qui la chante, revendique une réappropriation du stigmate machiste.

Une mélodie électro pop aux notes entêtantes qui donne immédiatement envie de danser et ce mot zorra (“salope”) qui rythme tout le morceau. Au total, il est entonné quarante-six fois par Maria Bas, chanteuse voluptueuse de 55 ans aux faux airs de Kylie Minogue et à la vibe de Rafaella Carrà, l’interprète du duo Nebulossa

Si je sors seule, je suis la zorra, si je m’amuse, la plus zorra, si ça dure jusqu’au petit matin, je suis plus encore zorra”, chante-t-elle fièrement, yeux de braise et sourire en coin, dans ce clip déjà visionné plus de 4 millions de fois sur YouTube. Car depuis sa sélection pour l’Eurovision, le 3 février, Zorra connaît une ascension fulgurante, fruit de la polémique nationale qu’elle a déclenchée. 

Future icône gay ?

“Zorra est une insulte machiste” et la chanson “banalise la violence envers les femmes”, s’indigne le Movimiento feminista de Madrid, qui rassemble des dizaines d’associations féministes espagnoles. Le collectif s’est plaint à l’Union européenne de radiotélévision UER, l’organisateur de l’Eurovision, et a lancé une pétition pour le retrait de Zorra. 

Mais pour Nebulossa, duo formé par le couple Mark Dasousa et Maria Bas, c’est au contraire une chanson féministe, une manière de se réapproprier le mot et de “reprendre le pouvoir”, explique Maria Bas dans une interview. 

Si elle ne plaît pas à toutes les féministes, la chanteuse est en passe de devenir une icône gay, à l’instar de Kylie Minogue et de Raffaella Carrà. La fédération nationale espagnole des collectifs LGBTQIA+ a ainsi affirmé dans une déclaration à la presse : “C’est un hymne à la liberté sexuelle des femmes, spécialement des plus âgées, qui résonne avec toute notre communauté. On considère d’ailleurs que cette chanson nous représente.”

Pour la ministre de l’Égalité, c’est oui

Le gouvernement, sommé de s’en mêler, prend aussi la défense de Zorra, comme la ministre de l’égalité, Ana Redondo, qui déclare: “La chanson est joyeuse, empouvoirante et brise le moule.” 

Des mots qui hérissent tout un courant du féminisme en Espagne, qui juge la chanson dangereuse, comme Montserrat Boix, journaliste féministe de renom. Déléguée du pôle Égalité de la chaîne publique nationale espagnole RTVE, diffuseur de l’Eurovision, elle a même démissionné en signe de protestation : “Je ne peux plus assumer cette position […] Je demande pardon à toutes les victimes de violences de genre”, écrit-elle dans un post sur X.  

Malgré ces protestations, l’UER a écarté toute censure dans un communiqué, publié le 5 février : “En tenant compte du sens donné au mot dans le contexte des paroles et le message de la chanson […] nous avons conclu que la chanson est éligible pour participer au concours.” Première bataille remportée pour Zorra, avant celle de l’Eurovision (du 7 au 11 mai), pour laquelle elle est déjà favorite.

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