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Football : les Bleues pri­vées de Clairefontaine pour lais­ser la place à l’équipe masculine

L’équipe de France féminine de foot ne pourra pas s’entraîner à Clairefontaine pour les qualifications à l’Euro 2025. En raison du manque de place au sein du centre, les joueuses sont contraintes de laisser leur place à l’équipe masculine. Comme un air de déjà-vu.

En matière de football, les femmes sont priées de bien vouloir laisser ces messieurs passer devant. C’est le message envoyé par la Fédération française de football (FFF) qui a décidé d’expédier les joueuses de l’équipe de France féminine s’entraîner en Angleterre pour préparer leur prochain match face aux Anglaises (le 31 mai), plutôt qu’au centre national du football de Clairefontaine (Yvelines). La cause de cet exil forcé ? La présence de l’équipe de France masculine devant elle s’entraîner pour l’Euro masculin, qui se déroulera en Allemagne du 14 juin au 14 juillet prochain. Et comme il n’y a pas assez de place à Clairefontaine pour les deux sélections, les joueuses ont été contraintes de laisser leur place aux joueurs, prioritaires, rapporte Le Parisien. Elles ne pourront donc pas bénéficier des installations sportives du centre.

Alors certes, l’enjeu est moindre pour les Bleues, qui ne disputeront contre l’Angleterre “que” un match pour les qualifications à l’Euro 2025. Et on aimerait se dire qu’il ne s’agit là que d’un malheureux concours de circonstances. Mais le message envoyé par la FFF semble tout de même clair : les joueuses comptent moins que les joueurs. Elles gagnaient déjà moins que leurs collègues masculins. Elles étaient moins visibles aussi – on se souvient avec amertume de l’interminable feuilleton de l’acquisition des droits de diffusion de la dernière Coupe du monde de football féminine l’été dernier. Et voilà qu’elles sont désormais priées de déguerpir le plancher pour que ces messieurs puissent s’entraîner convenablement.

D’autant que ce n’était pas la première fois. Il y a cinq ans jour pour jour, le 29 mai 2019, le centre accueillait trois sélections nationales : l’équipe masculine pour un match amical, l’équipe masculine Espoirs pour l’Euro des moins de 21 ans et l’équipe féminine pour la préparation de leur mondial débutant sept jours plus tard à la maison. Devinez quelle équipe a dû laisser sa place et s’installer quelques centaines de mètres plus loin, dans un domaine voisin ? L’équipe féminine, évidemment.

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Les embûches mises sur le chemin des sportives ne concernent pas que le meilleur niveau. La déconvenue des Bleues fait ainsi écho à la récente décision du président de l’Union sportive d’Orléans Loiret Football de rétrograder – et donc de sacrifier – son équipe féminine pour son équipe masculine, pourtant moins bien classée. Face à l’injustice et au sexisme de cette décision, justifiée selon le président par un manque de budget, une pétition citoyenne a été lancée mardi 28 mai. sur le site Change.org. En vingt-quatre heures, elle a déjà recueilli plus de 3 700 signatures. “Un travail de longues années a été réduit à néant sans aucun respect, sans historique du palmarès des filles notamment en Coupe de France, écrit Razika Derradj, citoyenne à l’initiative de la pétition. [...] Le rêve de milliers de petites jeunes filles a été bafoué car [les joueuses] sont des modèles, des exemples de réussites pour elles !!!!”

Pour les athlètes femmes, le parcours d’obstacle commence même dès avant la professionnalisation, comme le montre le cas des joueuses de rugby du collège Jean-Guiton de Lagord, pas très loin de La Rochelle (Charente-Maritime). Alors qu’elles étaient sélectionnées pour les phases finales du championnat de France UNSS (Union nationale du sport scolaire), qui se dérouleront début juin près d’Avignon (Vaucluse), la direction de leur collège a annulé leur participation, rapporte Sud Ouest, mettant en avant des questions de budget et de sécurité. Un écueil dont ne souffrent pourtant pas les garçons du collège qui, eux, pourront se rendre au tournois de fin d’année à Châteauroux (Indre). Au moins, on ne pourra pas dire que pratiquer du sport en tant que femme ne renforce pas la persévérance.

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