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Montage Causette. © Gage Skidmore / Wikimedia Commons, © Office of the Governor-General / Wikimedia Commons, © Openverse

Haine des femmes décom­plexée : selon un son­dage, Amber Heard est la per­sonne la plus détes­tée de l’Univers juste devant Meghan Markle 

Le son­dage d’un site amé­ri­cain classe Amber Heard comme la per­son­na­li­té la plus détes­tée de tout l’univers, devant Meghan Markle et loin, bien loin, devant des hommes accu­sés de vio­lences sexistes et sexuelles ou de pédocriminalité. 

Elles sont les mal-​aimées, les détes­tées, les mépri­sées. Amber Heard et Meghan Markle viennent de rafler, début mai, les deux pre­mières places d’un clas­se­ment tout à fait sym­pa­thique : celui des per­son­na­li­tés les plus détes­tées de… l’Univers. Rien que ça. Plus de trente mille per­sonnes ont ain­si voté sur le site amé­ri­cain Ranker (spé­cia­li­sé en son­dages en tout genre) pour élire, selon elles, les pires per­son­na­li­tés (on note­ra l’initiative feel good) de notre petit bout de sys­tème solaire. 

Prenons tout d’abord la grande gagnante. Amber Heard. Avant toute chose, il est bon de rap­pe­ler que ce n’est pas le pre­mier prix qu’elle rem­porte. On pour­rait même dire que chaque par­tie de son ana­to­mie a récol­té des lau­riers. Tous aus­si per­ti­nents les uns que les autres. Le visage de l’actrice et pro­duc­trice amé­ri­caine d’abord, élu comme l’un des plus beaux du monde selon les “savants” cal­culs d’un méde­cin esthé­tique bri­tan­nique en 2022. Veinarde. Ses jambes aus­si ont déjà raflé un prix très sérieux, celui des “jambes les plus sexy”, décer­né par la marque de lin­ge­rie Victoria’s Secret en 2014. Sans oublier les lèvres bien sûr, avec la splen­dide récom­pense du prix du… meilleur bai­ser dans un film fan­tas­tique pour Aquaman en 2019 aux MTV Movie Awards. Par pro­vo­ca­tion, nous pour­rions dire que le titre de per­son­na­li­té la plus détes­tée de l’Univers repré­sente donc, fina­le­ment, la moins sexiste de ces récom­penses. Au temps du patriar­cat, les femmes ont les “vic­toires” qu’elles méritent. 

Cible pré­fé­rée des mascus 

Mais alors, nous direz-​vous, pour­quoi tant de haine ? Souvenez-​vous, en 2022, Amber Heard est deve­nue la cible numé­ro un dans le cœur des mas­cu­li­nistes toxiques, miso­gynes et autres incels. La faute à un pro­cès en dif­fa­ma­tion extrê­me­ment média­ti­sé l’opposant à son ex-​mari, l’acteur Johnny Depp. La faute sur­tout à une cam­pagne de dés­in­for­ma­tion et de déni­gre­ment miso­gyne savam­ment orches­trée sur les réseaux sociaux. En effet, si les deux époux se pour­sui­vaient l’un·e l’autre et qu’il et elle ont été condamné·es, une large frange mas­cu­li­niste s’était atta­chée – achar­née même – à influen­cer l’opinion publique en faveur du pirate pré­fé­ré des incels. Un pro­ces­sus par­fai­te­ment racon­té dans le docu­men­taire, Affaire Johnny Depp/​Amber Heard – La jus­tice à l’épreuve, dif­fu­sé en février 2023 dans l’émission La Fabrique du men­songe sur France 5. 

Lire aus­si I Procès Heard/​Depp : la condam­na­tion de #MeToo ?

Deux ans plus tard, l’élection inter­pla­né­taire ne laisse plus de place au doute : le tra­vail de sape a payé et la parole d’Amber Heard est plus que jamais dis­cré­di­tée, empor­tant avec elle celle de toutes les vic­times de vio­lences conju­gales au pas­sage. Rappelons à toutes fins utiles que l’actrice – aima­ble­ment invi­tée à stop­per toute acti­vi­té ciné­ma­to­gra­phique trop média­tique – a dû s’exiler en Espagne. Une cer­taine idée de la condam­na­tion à perpétuité. 

Sorcière mani­pu­la­trice 

Pour Meghan Markle, qui ter­mine à une hono­rable deuxième place, la miso­gy­nie se teinte d’un soup­çon de racisme. L’actrice amé­ri­caine cris­tal­lise en effet la colère des afi­cio­na­dos de la famille royale bri­tan­nique depuis des années. D’abord accueillie avec toute la bien­veillance du monde lors de son mariage avec le prince Harry en 2018 (“Un vent de moder­ni­té”, tout ça tout ça), la lune de miel ne dure pas.

Harry et Meghan annoncent leur déci­sion de prendre le large et de démé­na­ger aux États-​Unis ? Meghan est accu­sée d’être une sor­cière mani­pu­la­trice qui ne sou­haite qu’une seule chose : éloi­gner son prince de mari de sa famille ché­rie. Harry et Meghan sortent un docu-​série sur Netflix reve­nant notam­ment sur le racisme et le sexisme qu’a subis la duchesse au sein de la famille royale ? Meghan est accu­sée par l’opinion et la presse bri­tan­nique de cra­cher dans la soupe et de laver son royal linge sale en public. En fait, Meghan n’est pas assez dis­tin­guée, pas assez blanche, pas assez “royale”. Bref, n’en jetez plus, pour ses nombreux·euses détracteur·rices, Meghan Markle a ample­ment méri­té sa seconde place du classement. 

Loin devant des hommes accu­sés de violences 

Les clas­se­ments sexistes, nous en avons mal­heu­reu­se­ment l’habitude. Mais un autre point sou­lève notre incom­pré­hen­sion ici et, disons-​le fran­che­ment, notre indi­gna­tion. La per­son­na­li­té des “sujets” étant au cœur des débats, nous aurions pu rêver : et si les hommes accu­sés et par­fois condam­nés pour vio­lences sexistes et sexuelles se retrou­vaient enfin mon­trés du doigt ? Car ici, nous avons Amber Heard et Meghan Markle donc, mais aus­si Ellen DeGeneres, Jada Pinkett Smith ou encore Oprah Winfrey pour com­plé­ter le tableau. Un tableau à peine sau­vé par le prince Harry qui paie – moins que sa femme – sa royale tra­hi­son et se retrouve à la 4e place. En fait, c’est simple, pour trou­ver les pre­miers hommes pro­blé­ma­tiques, il faut se rendre à la 7e posi­tion du clas­se­ment, occu­pée par le rap­peur P. Diddy, accu­sé de vio­lences phy­siques, sexuelles et psy­cho­lo­giques par plu­sieurs femmes. Une vidéo de lui frap­pant vio­lem­ment son ex-​compagne, la chan­teuse Cassie, en 2016 vient même d’être exhu­mée par CNN. Pas de quoi viser plus haut dans notre cher classement. 

Idem pour l’acteur Bill Cosby. Être accu­sé d’abus sexuels par une soixan­taine de femmes et condam­né pour une agres­sion sexuelle sur une mineure ferait de lui une meilleure per­sonne qu’Amber Heard. Il figure ain­si à la 8posi­tion du clas­se­ment. Devant le chan­teur de R’n’B, Chris Brown, condam­né pour vio­lences conju­gales envers son ex-​compagne Rihanna en 2009 et accu­sé de vio­lences sexuelles par d’autres femmes depuis. Quant à Woody Allen, accu­sé de pédo­cri­mi­na­li­té, il peut dor­mir sur ses deux oreilles. Il n’est que la 21e per­son­na­li­té la plus détes­tée de tout l’univers. 

Le clas­se­ment n’ayant pas fait grand bruit pour l’heure dans la presse, il n’est sûre­ment pas arri­vé jusqu’aux oreilles d’Amber Heard et de Meghan Markle, néan­moins, il démontre bien deux choses. Lorsqu’il s’agit de détes­ter les femmes, tout le monde semble se mettre d’accord pour les mettre en haut du panier. Et au pré­ten­du­ment petit jeu du tri­bu­nal média­tique, les femmes ne gagnent jamais. 

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