Série « Nouveaux départs » – Comment Annette trans­forme la retraite « en grandes vacances »

Série d’été « Nouveaux Départs », 9/9

Cet été, Causette s'intéresse aux changements de vie et aux bouleversements du quotidien. Pour ce dernier épisode, Annette, 63 ans, nous raconte le nouveau départ qu'a constitué l'arrêt de son activité professionnelle : elle a changé de ville, s'est rapprochée de la mer, s'est pleinement lancée dans la cuisine et la randonnée. D'ailleurs, elle ne parle pas de « retraite » mais de « grandes vacances », car pour elle, cela constitue un nouveau chapitre de sa vie, pas un retrait de la société, comme le sous entend le terme « retraite ».

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(©AT)

"Je suis en cessation d’activité professionnelle depuis le 1er mars 2022, soit un peu plus d'un an. J'étais directrice d’établissements médico-sociaux en région parisienne. Je travaillais dans l’accompagnement d’adultes en situation de handicap dans le secteur du travail protégé. J’ai exercé ce métier pendant vingt-trois ans avec plaisir et enthousiasme. Je me suis épanouie dans mes activités professionnelles. Avant cela, j’ai travaillé dans le secteur de l’industrie de la chaussure. Je souhaitais donc poursuivre mon activité jusqu’à l’âge de 67 ans, même si en tant que directrice j’avais beaucoup de stress.

Mais la mort d'un directeur général que je connaissais, quelques mois après qu'il soit parti à la retraite, est venue me questionner sur ce qu’est la vie. Quel est l’intérêt de poursuivre son activité pro pour profiter aussi peu du temps qui reste ? Ça a été une prise de conscience importante pour moi. En parallèle, j’ai eu un problème de santé physique qui a nécessité une opération et une rééducation assez longue, de plusieurs mois. Ça a provoqué un basculement dans ma tête : j’avais envie de préserver ma santé au détriment du stress professionnel. La gestion du Covid au sein de mes établissements, qui a été ardue, a fini de me convaincre. Je me suis entendu avec mon employeur pour mettre fin à mon contrat afin que je puisse planifier mon opération et ma rééducation en toute sérénité. C’était important pour moi. Je ne voulais plus avoir de liens avec le travail et le stress que cela engendre. Je voulais être sereine et ne plus avoir de compte à rendre.

J'ai alors tissé un nouveau projet de vie. Il me semblait important de ne pas rester dans mon environnement habituel, là où j’ai travaillé. Je ne voulais plus vivre en ville aussi, mais à la mer et au soleil. Être dans un lieu ou d’autres séniors sont venus chercher la même chose. C’est ce que j’ai trouvé dans le sud de la France. D'ailleurs, je n'aime pas employer le terme de « retraite » car cela signifie pour moi une mise à l’écart, un retrait de la société. Or, je ne me sens pas en retrait. Il y a une cessation d’activité mais je ne me retire pas. Que les autres l’emploient, très bien, mais je refuse de l’employer. Je préfère dire que je suis « en grandes vacances ». Elle peut sembler régressive mais elle a tout son sens pour moi. Pour les écoliers, « les grandes vacances » arrivent après une année scolaire. C’est pareil, après une carrière professionnelle remplie, on mérite ce temps.

Depuis que je suis « en grandes vacances », je voyage, j'ai développé une passion pour la cuisine, je me baigne tous les jours et je me promène à la mer quasiment tous les jours. Je vais au marché. Je me suis fait des amies. Nous allons écouter de la musique, danser. Ce que je ne faisais pas quand je travaillais. Quand je travaillais, j’avais l’impression d’avoir un masque de femme sérieuse. Aujourd’hui, j’ai envie de rire, de joie et d’insouciance. J’ai de nouveau le temps de lire. J’ai aussi beaucoup de chance car je suis accompagnée d’un homme qui a aussi cessé son activité. Je me suis remise à la randonnée, en m'inscrivant dans un club près de chez moi. Je marche à peu près 50 km par semaine avec du dénivelé. Ça me fait beaucoup de bien. À la fois car je rencontre du monde, mais aussi pour l’aspect santé. Je pense que ça permet de mieux vieillir. Je peignais beaucoup autrefois et maintenant je souhaite me remettre à la peinture. J’aimerais bien aussi rejouer de la musique, comme faire du piano.

Bref, il s'agit d'une deuxième vie. Je retrouve mon insouciance et l’essence même de ma personnalité. Je ne regrette absolument pas. J’ai redécouvert une spontanéité et une joie de vivre que je n’avais pas connu depuis longtemps."

Épisode 1 – Refaire sa vie en famille à plus de 5500 km

Épisode 2 – « J’ai envie de transmettre à ma fille que le bonheur est un choix et qu’on a le droit de tout quitter pour être libre et heureuse »

Épisode 3 – Marie Gervais, ancienne victime de violences conjugales : « On peut construire une autre histoire sur les cendres de la première »

Épisode 4 – « Je suis devenu celui qu'enfant j'avais toujours voulu être » : le comédien trans Amir Baylly nous raconte sa transition

Épisode 5 – Série « Nouveaux départs » – « Au début, la musique n'était qu'un hobby » : comment la chanteuse Silly Boy Blue a fait de sa passion son métier

Épisode 6 - « Avant ce déclic, j’étais en couple avec la bouteille et Sophie était la spectatrice impuissante de cette relation »

Épisode 7 - « J’ai réa­li­sé à quel point il est absurde de se croire “trop vieille” pour apprendre à naviguer »

Épisode 8 - «Je parle coréen, je mange coréen, je bois coréen…» : après une grave opération du cerveau, Magali s'est découvert une passion pour la Corée du Sud

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