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© Tim Cooper / Unsplash

Les espaces de jeux pour enfants, une alter­na­tive aux écrans en attente d’être développée

Dans un rap­port remis à Emmanuel Macron le 30 avril, la com­mis­sion écrans pré­co­nise la créa­tion et l'aménagement d'aires de jeux et de lieux d'activités à des­ti­na­tion des enfants, afin qu'ils·elles passent moins de temps devant les écrans. 

Et si la régu­la­tion des écrans chez les plus jeunes pas­sait par des villes favo­rables aux enfants ? Cette idée d'une réap­pro­pria­tion de l'espace public, qui figure dans le récent rap­port de la com­mis­sion sur l'exposition des enfants aux écrans, est prise en compte depuis quelques années par des muni­ci­pa­li­tés, mais la ten­dance reste timide. "Tant que les villes ne s'emparent pas plei­ne­ment de cette ques­tion, une grande par­tie des pré­co­ni­sa­tions que nous avons faites pour lut­ter contre l'usage exces­sif des écrans par les plus jeunes res­te­ront lettre morte", estime le psy­chiatre Serge Tisseron, membre de la com­mis­sion. "Il faut abso­lu­ment que les villes créent en nombre suf­fi­sant des espaces de jeu et d'échanges et ouvrent de façon sys­té­ma­tique les cours de récréa­tion et les gym­nases des écoles aux enfants et aux familles le week-​end", ajoute-​t-​il.

Dans son rap­port remis à Emmanuel Macron le 30 avril, la com­mis­sion écrans pré­co­nise notam­ment de "peu­pler" l'espace public d'alternatives aux écrans pour les enfants "et redon­ner à ces der­niers toute leur place, y com­pris bruyante". La com­mis­sion juge "indis­pen­sable d'investir mas­si­ve­ment dans le déve­lop­pe­ment de véri­tables alter­na­tives aux écrans" per­met­tant aux enfants de "sor­tir de chez eux". Elle insiste notam­ment sur l'importance d'aménager des aires de jeux dans tous les lieux d'attente (gares, sta­tions de métro, abri­bus, aéro­ports) et dans les admi­nis­tra­tions et orga­nismes rece­vant du public. Elle prône aus­si la mise en place de rames dédiées aux enfants dans les trains.

Lire aus­si l Interdiction des écrans avant 3 ans et du télé­phone avant 11 ans : “Un cadre dans lequel on peut négo­cier avec ses enfants”

Objectif : faire dérailler le "pro­ces­sus de retrait" des enfants des espaces publics obser­vé depuis plu­sieurs décen­nies dans les villes occi­den­tales. Un retrait impu­té, entre autres, aux pro­grès tech­niques d'internet et des smart­phones. "La dif­fu­sion mas­sive de la télé­pho­nie mobile et de l'accès à Internet et aux réseaux sociaux" a ren­du "de moins en moins néces­saire la copré­sence phy­sique aux pra­tiques ludiques et de socia­bi­li­té", relève Clément Rivière, maître de confé­rences en socio­lo­gie à l'université de Lille, dans une note publiée en mars 2023.

"Enfants d'intérieur"

Résultat, les enfants des grandes villes sont devenu·es des “enfants d’intérieur” – selon le terme employé pour la pre­mière fois par des géo­graphes néer­lan­dais en 2006 – et sou­vent accros aux écrans. Face à ce constat, des muni­ci­pa­li­tés ont ten­té ces der­nières années de réagir en menant une stra­té­gie de “ville à hau­teur d’enfants”, à l’image de Paris, Lyon, Rennes ou encore Strasbourg. “Il y a une vraie demande, on essaie d’y répondre au mieux”, dit Céline Hervieu, conseillère délé­guée en charge de la petite enfance à la mai­rie de Paris. “L’objectif à terme, c’est que toutes les familles puissent avoir un lieu à proxi­mi­té pour des acti­vi­tés avec leurs enfants.” Elle cite notam­ment les ludo­thèques mobiles, le pro­gramme “same­di en famille” dans cer­taines crèches, l’ouverture de cours de récréa­tion le week-​end ou de “rues aux écoles”, ces zones pié­tonnes aux abords des éta­blis­se­ments scolaires.

Des ini­tia­tives saluées par Madeleine Masse, architecte-​urbaniste enga­gée sur la ques­tion, qui y voit un “excellent point de départ”. “Mais il faut aller plus loin : on pour­rait faire la même chose avec les cours des immeubles de bureaux, des espaces publics… Ce sont des mètres car­rés qui sont déjà là, pointe-​t-​elle. Tant qu’il n’y aura pas suf­fi­sam­ment d’espaces pour les accueillir, les jeunes res­te­ront chez eux et trou­ve­ront refuge dans les écrans.”

Une ana­lyse sur l’aménagement du ter­ri­toire par­ta­gée par l’Unicef, qui a lan­cé en 2002 en France l’initiative “ville amie des enfants”. À l’époque, seules douze villes de France répon­daient pré­sentes. Plus de vingt ans plus tard, elles sont trois cents à s’engager notam­ment sur l’aménagement urbain. “Il y a une prise de conscience que l’enfant doit être de plus en plus inclus” dans la ville, relève Aurélie Calaforra, res­pon­sable du pôle pro­grammes ter­ri­to­riaux à l’Unicef. Mais cela reste encore timide au regard des 35 000 com­munes de France. “Il n’y a pas tou­jours une poli­tique proac­tive pour s’assurer que les enfants ont bien toute leur place”, note-t-elle.

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