Si les chiffres de l'Agence de biomédecine sont encourageants pour l'année 2023 avec 444 grossesses entamées dans le cadre de la PMA aux couples lesbiens et aux femmes célibataires, les délais d'attente continuent de pousser certaines patientes vers la Belgique ou l'Espagne.
Entre la promulgation de la loi bioéthique en août 2021 et le 31 décembre 2022, 21 bébés sont nés d'une Procréation médicalement assistée (PMA) de couples de femmes ou de femmes célibataires. Ce petit chiffre, rendu public par l'Agence de biomédecine mercredi 8 mars, dénote des délais d'attente pour pouvoir recourir à la PMA dans le pays. Il est toutefois à relativiser : l'Agence évalue aussi à 444 le nombre de grossesses évolutives (c'est-à-dire ayant dépassé le stade des trois mois) de la PMA pour toutes à la même date.
En 2022, près de 15 100 demandes de Procréation médicalement assistée (PMA) émanant de couples de femmes ou de femmes célibataires ont été formulées, dénombre encore l'Agence. Dans le détail, elle note un tassement des demandes lors du second semestre de 2022, passant de près de 9 300 dans les six premiers mois de l'année à 5 800 : un chiffre amené à se stabiliser à la suite d'un bond des demandes à l'ouverture du droit pour ces personnes.
Les dons de sperme, nécessaires à la réalisation des PMA pour les couples lesbiens et les célibataires, ne faiblissent pas : « 764 donneurs de spermatozoïdes ont été recensés en 2022 », contre près de 600 en 2021 et 317 en 2019. « Il n’y a donc pas d’impact négatif observé sur le don de gamètes suite à la nouvelle disposition prévoyant l’accès aux origines pour les personnes issues d’un don », analyse l'Agence de biomédecine.
Longs délais d'attente
En ce qui concerne les dons d'ovocytes, là encore, les chiffres sont à la hausse : « 990 donneuses d’ovocytes ont été enregistrées sur l’année 2022, dont 38 ayant un phénotype "rare" (la définition du phénotype rare dépend de la situation locale de chaque centre mais il s’agit souvent de donneurs issus de la diversité), détaille le communiqué de presse. Une tendance en hausse, alors que 900 femmes avaient donné leurs ovocytes en 2021 et 835 en 2019. » Le sursaut de solidarité autour de la procréation, déjà repéré il y a un an, s'entérine donc avec ces nouveaux chiffres. On peut avancer comme explication la sensibilisation sur le sujet réalisée dans le sillage de la loi et, probablement, l'ouverture à l'autoconservation des gamètes féminines.
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Malgré ces éléments positifs, force est de constater que les délais d'attente pour enclencher une prise en charge dans un centre de PMA sont encore longs : « Au 31 décembre 2022, près de 5 600 personnes sont en attente d’une AMP avec don de spermatozoïdes, dont 36 % de couples de femmes et 38 % de femmes non mariées », observe l'Agence de biomédecine. De fait, l'Agence avance un délai moyen de « 14,4 mois au niveau national », avec une forte variabilité selon les centres (une centaine sur l'ensemble du territoire). Même pour l'autoconservation des ovocytes, l'attente est conséquente : « 7 mois au niveau national et de 24 mois pour l’Île-de-France, qui représente 25% des demandes. »
Recours à l'étranger
Ces bouchons entraînent des situations où des femmes qui n'ont plus le temps d'attendre en raison de la baisse de leur fertilité, doivent encore partir à l'étranger, « notamment en Belgique ou en Espagne où la prise en charge est plus rapide », détaille Le Parisien, afin de ne pas perdre leurs chances. Interrogée par le quotidien, Virginie Rio, présidente du collectif Bamp, qui regroupe des patient·es de la procréation, tempête : « Ce n’est pas faute d’avoir prévenu de ces risques avant même l’ouverture de la PMA pour toutes. »
En octobre, on apprenait la naissance fin août du premier bébé de la PMA pour toutes : une petite Zola née au CHU de Nantes.
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