Dans son rapport publié ce lundi, le tout premier du genre, l’Agence européenne de l’environnement envisage des situations “catastrophiques” pouvant affecter l’Europe si elle n’intensifie pas ses actions de lutte contre le dérèglement climatique. Les zones du sud du continent vont être davantage exposées à ces risques.
L’Europe pourrait être confrontée à des situations “catastrophiques” si elle ne prend pas la mesure des risques climatiques qu’elle encourt et dont beaucoup sont déjà à un niveau critique, a prévenu lundi l’Agence européenne de l’environnement (AEE).
“La chaleur extrême, la sécheresse, les incendies de forêt et les inondations que nous avons connus ces dernières années en Europe vont s’aggraver, y compris dans les scénarios optimistes du réchauffement climatique et affecteront les conditions de vie sur tout le continent”, alerte l’agence dans un communiqué présentant son premier rapport sur l’évaluation des risques climatiques en Europe. “Ces événements représentent la nouvelle norme”, a insisté la directrice de l’AEE, Leena Ylä-Mononen, lors d’un point presse. “Ils doivent être aussi un coup de semonce”. L’agence souligne également le réchauffement du continent européen comme étant le plus rapide de ces quarante dernières années.
L’étude répertorie trente-six risques climatiques majeurs pour l’Europe. Vingt et un nécessitent une augmentation des actions immédiates et huit, une réponse en urgence. Au premier rang, on note les risques liés aux écosystèmes, principalement marins et côtiers. Par exemple, les effets combinés des vagues de chaleur marine, de l’acidification et de l’appauvrissement en oxygène des mers et d’autres facteurs anthropiques (la pollution et la pêche notamment) menacent le fonctionnement des écosystèmes marins, selon le rapport. “Il peut en résulter une perte substantielle de la biodiversité, y compris des événements de mortalité massive”, ajoute-t-il.
Les vagues de chaleur représentent un autre risque majeur. Elles "abîment, menacent notre santé. Elles peuvent faire des ravages sur les écosystèmes. En Europe, elles sont souvent associées à des sécheresses et c'est une combinaison dangereuse pour les infrastructures, l'approvisionnement en eau", a relevé pour l'AFP Hans-Martin Füssel, un expert des risques climatiques de l'agence.
Des enjeux compris mais laissés sans suite
“Nous devons faire plus, avoir des politiques plus fortes”, a insisté Leena Ylä-Mononen. L’AEE décrit deux priorités pour les gouvernements et les populations : reconnaître unanimement les risques et accepter de faire plus et plus rapidement.
Les expert·es reconnaissent toutefois les “progrès considérables” réalisés “dans la compréhension des risques climatiques […] et dans la préparation à ces risques”. Or, si “la plupart des risques ont déjà fait l’objet d’une certaine attention de la part des décideurs”, la “mise en œuvre d’actions efficaces peut avoir été entravée par des éléments tels que des priorités concurrentes, une responsabilité floue des risques ou des fonds d’investissement insuffisants”, a déploré Hans-Martin Füssel.
Le sud du continent en première ligne
L’exposition aux catastrophes climatiques est inégale. Les zones les plus exposées sont dans le sud de l’Europe, menacées par des incendies, la pénurie d’eau et ses effets sur la production agricole. L’agence rappelle également les conséquences d’une chaleur exceptionnelle sur la santé des populations, en particulier pour les travailleur·euses en extérieur. Quant aux “régions côtières de faible altitude”, elles “sont particulièrement exposées aux inondations, aux tempêtes et aux risques d’inondation”, a également expliqué Hans-Martin Füssel.
L’Europe du Nord n’est toutefois pas épargnée, a souligné l’institution, en témoignent les récentes inondations en Allemagne ou les feux de forêts en Suède. Mardi, la Commission européenne doit publier son premier rapport sur les risques climatiques dans l’UE. “Le calendrier n’est pas une coïncidence. Nous avons travaillé sous une pression considérable pour que notre travail soit achevé afin de contribuer à leur communication”, a déclaré Hans-Martin Füssel.
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