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Affiche Contre-chant Manifestation 08 mars 1975 © Irène Bouaziz

3 bonnes rai­sons de (re)découvrir notre matri­moine audio­vi­suel à la Cinémathèque du documentaire

Du 19 avril au 4 juillet, la Cinémathèque du docu­men­taire, au Centre Pompidou à Paris, revient sur cin­quante ans d’histoire des femmes à tra­vers le cycle Contre-​chant : luttes col­lec­tives, films fémi­nistes. L’occasion de déni­cher nombre de pépites, d’ici ou d’ailleurs, et de tis­ser des liens entre hier et aujourd’hui…

Parce qu’il est né d’un combat

Au com­men­ce­ment était le verbe, paraît-​il. Au com­men­ce­ment était aus­si la vidéo, en tout cas pour le ciné­ma fémi­niste ! Nul hasard si la pro­gram­ma­tion du cycle Contre-​chant s’appuie sur le très riche cata­logue du Centre audio­vi­suel Simone de Beauvoir. Créée en 1982 par trois insou­mises et “insou­muses” de renom – la comé­dienne Delphine Seyrig, la vidéaste pion­nière Carole Roussopoulos et la réa­li­sa­trice Ioana Wieder –, cette struc­ture a eu pour but, d’emblée, de conser­ver, archi­ver, pro­duire et dif­fu­ser des docu­ments audio­vi­suels sur les droits, les luttes et les créa­tions des femmes. Une démarche mili­tante qui a pu voir le jour grâce à l’éclosion, alors, de la vidéo, outil léger faci­li­tant ô com­bien le ciné­ma de contre­bande et l’autoproduction ! Grâce à elle, il devint pos­sible à Delphine, Carole, Ioana et les autres d’enregistrer la voix des femmes au débot­té, de les encou­ra­ger à se confier, de les fil­mer dans la rue, au tra­vail ou chez elles. Bref, de don­ner à voir une autre repré­sen­ta­tion du “deuxième sexe”, en marge de l’industrie, donc du dis­cours domi­nant. Juste retour des choses : les films (res­tau­rés) de ces figures fon­da­trices sont en bonne place dans ce cycle prin­ta­nier. À ne rater sous aucun pré­texte : Maso et Miso vont en bateau (1976), du col­lec­tif Les Insoumuses (donc), et Sois belle et tais-​toi ! (1977), de l’incomparable (et tou­jours aus­si moderne) Delphine Seyrig. Deux valeurs sûres.

Parce qu’il la joue collectif

Par-​delà ces films mar­quants, ce qui frappe et ravit dans cette pro­gram­ma­tion plé­tho­rique, heu­reu­se­ment décou­pée en sec­tions et thé­ma­tiques (“Par-​delà les fron­tières”, “Avec les tra­vailleuses”, “Nous ne sommes pas mâles dans notre peau”, etc.), c’est com­bien la notion de groupe, donc de soli­da­ri­té, est impor­tante. Aussi bien hier, avec les images réa­li­sées par le Mlac (Mouvement pour la liber­té de l’avortement et de la contra­cep­tion) d’Aix-en-Provence et Yann Le Masson (Regarde elle a les yeux grand ouverts, 1982), qu’aujourd’hui (une séance spé­ciale est ain­si pro­po­sée autour du col­lec­tif La Poudrière, for­mé, lui, en 2016). Une vibra­tion plu­rielle que l’on retrouve éga­le­ment dans la démarche trans­na­tio­nale de cer­taines cinéastes, sou­cieuses dès les ori­gines de jeter des ponts entre les luttes (Black Panthers, d’Agnès Varda, en 1968 ; La Conférence des femmes-​Nairobi 85, de Françoise Dasques). Autant dire que l’union fait la force, d’une époque à une autre, d’un pays à un autre, et que la pers­pec­tive inter­sec­tion­nelle n’est vrai­ment pas une lubie, images à l’appui.

Parce qu’il dia­logue avec aujourd’hui

Ultime rai­son de se plon­ger dans cette his­toire alter­na­tive du ciné­ma ? Son actua­li­té. Ce que ces images vibrantes, voire véhé­mentes, montrent en pre­mier lieu, c’est à la fois le che­min par­cou­ru et celui qu’il reste à faire, aus­si bien en termes d’éducation (Ça bouge à Mondoubleau, de Carole Roussopoulos et Catherine Valabrègue, 1982), que de luttes contre les vio­lences liées au genre et à la sexua­li­té (Après-​coups, de Romane Garant-​Chartrand, 2023), ou même d’égalité dans le monde du tra­vail (Profession : agri­cul­trice, de Carole Roussopoulos, 1982 ; Peuple de l’eau, d’Azadeh Bizargiti, 2018). Que l’on se ras­sure : s’il est une chose que cette pro­gram­ma­tion démontre, c’est bien que les réa­li­sa­trices res­tent au taquet. Rien de tel, il est vrai, que des images libres, auto­nomes, voire déta­chées des sché­mas clas­siques, pour décons­truire les stéréotypes !

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Contre-​chant : luttes col­lec­tives, films fémi­nistes, un cycle pro­po­sé par la Cinémathèque du docu­men­taire à la Bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Beaubourg, à Paris, du 19 avril au 4 juillet. Toute la pro­gram­ma­tion à retrou­ver ici.

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