L’organisation PositiveMinders lance une campagne de communication sous forme de cérémonie de remise de prix pas comme les autres, les SchizAwards, pour mettre en lumière les bonnes et mauvaises représentations de cette maladie sur le grand écran.
L’objectif est “d’arrêter de se faire des films sur la schizophrénie”. À l’occasion des Journées de la Schizophrénie, qu’elle organise depuis 2004, l’organisation PositiveMinders lance une campagne de communication sous forme de cérémonie de remise de prix pas comme les autres : les SchizAwards, disponible en ligne, pour mettre en lumière les bonnes et mauvaises représentations de cette maladie sur le grand écran.
Si “dans l’inconscient collectif, les personnes vivant avec une schizophrénie restent associées à la dangerosité, au dédoublement de personnalité et à la peur”, PositiveMinders constate que “la fiction n’est pas étrangère à ce dramatique constat”. L’organisation, qui a pour mission première de rendre accessibles les soins aux personnes souffrant de maladies psychiques, déplore que “la réalité de ce trouble psychique est encore trop souvent sacrifiée au profit du divertissement du grand public”.
Neuf longs-métrages, parmi lesquels les classiques Donnie Darko, Black Swan ou Split, se retrouvent donc nommés dans trois catégories, aux intitulés en partie ironiques : “Le film qui a voulu montrer une personne vivant avec une schizophrénie, mais qui s’est le plus trompé”, “Le film où tout le monde pensait que le personnage était schizophrène alors qu’en fait pas du tout” et “Le film qui donne la meilleure représentation d’une personne vivant avec une schizophrénie”.
Dépasser les idées reçues
Au cours de la cérémonie, dont la vidéo dure dix minutes, un jury de six expert·es, composé de personnes vivant avec une schizophrénie, de proches et de psychiatres, décryptent chaque film, reviennent sur les fausses représentations qu’ils peuvent véhiculer ou sur les clichés qu’ils nourrissent. Dans The Voices, le personnage entend, par exemple, des voix, ce qui est le stéréotype qui est encore le plus associé à cette maladie psychique. “Or il existe plusieurs types de schizophrénie. Moi, comme d’autres, je suis un psychotique dur. Je n’ai jamais entendu de voix”, souligne le membre du jury Nathan Hofstetter, réalisateur et acteur qui porte son vécu avec ce trouble à l’écran.
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Ces analyses, pertinentes et nécessaires, montrent le chemin que le monde du 7e art a encore à parcourir. Selon les calculs de PositiveMinders, 80 % des personnages de fiction diagnostiqués schizophrènes font preuve d’un comportement violent et un tiers sont dépeints comme des meurtriers. Or, en dépassant ces idées reçues, le cinéma pourrait agir “comme un catalyseur de changement des imaginaires”, explique le psychiatre Jean-Victor Blanc, membre du jury. Avant de conclure : “Il est temps de dépasser les clichés et d’encourager à des représentations plus justes des troubles schizophréniques.” Les trois prix décernés sont à découvrir dans la vidéo de la cérémonie, disponible sur le site des SchizAwards.