Photo tournage serie Bordeaux credit Cloe harent
Younès Boucif et Mathilde La Musse sur le tournage d’“Amours Solitaires” saison 2. Photo : Cloé Harent

Un après-​midi sur le tour­nage de la sai­son 2 d’“Amours solitaires”

Amours solitaires, la série librement inspirée du compte Instagram du même nom de Morgane Ortin, revient pour une nouvelle adaptation, avec de nouveaux personnages. Elle sera diffusée probablement en fin d’année sur les plateformes d’Arte et de France Télévisions. Causette était sur le tournage à Bordeaux.

Ce vendredi 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est aussi le 35e jour de tournage du format long (8 x 26 minutes) de la nouvelle saison d’Amours solitaires, dénommée Maëlle et Saïd, et le dernier. Une fin qui n’en est pas tout à fait une puisque lui succèdera, toujours à Bordeaux, le tournage d’un format court (20 x 3 minutes, dénommé, lui, Lewis et Noa, car centré cette fois sur deux personnages secondaires du format long, vous suivez ?).

Est-ce la raison pour laquelle l’ambiance reste au beau fixe en dépit d’une météo chagrine ? Il règne une douceur plaisante sur le plateau, niché dans une petite maison-cocon du Bouscat, banlieue chic et sympa. Chacun·e s’écoute et se parle gentiment, sans stress, sans tension. Chacun·e se concentre sans effort apparent. Pas tant sur le texte et les dialogues : les comédien·nes s’apprêtent à tourner une scène de fête, sans paroles mais avec musique, en ce début d’après-midi humide. Non, ce qui semble prévaloir, ici, c’est l’envie d’être ensemble. Le lien.

Élan festif

Précisément ce dont il est question dans cette deuxième saison, puisqu’elle s’attache cette fois aux retrouvailles de Saïd (interprété par Younès Boucif, repéré dans Drôle sur Netflix) et de Maëlle (incarnée par Nina Aboutajedyne, une nouvelle venue), son ex partie à l’étranger pendant deux ans sans lui donner de nouvelles et qui décide de le reconquérir. Le souci étant que Saïd est en couple avec Alma (Mathilde La Musse, découverte dans Comme une louve, l’an dernier) et qu’il semble avoir tourné la page. À moins que… À moins que cette séquence de fête dans une coloc amie, située au cœur de l’épisode 3 de la saison 2, ne réveille quelques sentiments refoulés car Nina y est également conviée, jeux de regards et petit malaise à la clé autour du buffet.

“C’est vrai que Saïd, mon personnage, galère avec ses sentiments, je mets ça sur le compte de sa jeunesse”, explique, tout sourire, Younès du haut de ses 28 ans, au sortir d’une courte pause déjeuner sous un chapiteau ruisselant de pluie. “Mais il faut le comprendre : Maëlle est son ancienne amoureuse, elle revient, ça la chamboule et lui, eh bien il va patauger ! En fait ça parle d’un amour de jeunesse, auquel on peut tous s’identifier. C’est ça qui est bien avec cette série !” Un emballement qu’il affine en rejoignant le tournage, au sec cette fois. “Deux choses me déterminent à accepter un rôle : la qualité du texte et les humains qui composent le projet. Louise Condémi, la réalisatrice, prend le temps de laisser jouer les acteurs, elle fait preuve d’une grande souplesse, c’est agréable. Je me sens très bien avec elle”, prolonge-t-il juste, avant de se placer face caméra avec une Mathilde La Musse en tenue scintillante, et tandis qu’une escouade de femmes dynamiques s’active autour de leur duo, qui derrière la caméra, qui une trousse de maquillage, une tablette ou un talkie en main. La belle équipe !

Immanquable avec son pull violet, Louise Condémi (Malaisant, la série drôlement décalée sur Arte.tv, c’est elle) fait ainsi régulièrement le point avec Laetitia de Montalembert, la grande (en taille et en talent) directrice photo, tout le long du tournage de ladite séquence festive, tandis qu’Anne Chapelot, la première assistante à l’affût de tout, notamment d’un peu de silence, vérifie la position des figurant·es entre deux prises. Ce sont elles et eux, en effet, qui donnent vie, en arrière-plan, au décor : un salon tamisé, où des verres vides, des cendriers remplis à ras bord, des paquets de chips et de bonbons ouverts, voire des clopes flottant dans un punch, indiquent que la soirée est effectivement bien lancée !

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Juste à côté, dans une chambre inoccupée, séparée du salon-plateau par une porte vitrée, deux autres femmes n’en perdent pas une miette. Deux spectatrices très engagées puisqu’il s’agit de Juliette Ambil, 31 ans, la productrice à l’origine de la série, et de Morgane Ortin, 33 ans, la créatrice et administratrice du compte Instagram Amours solitaires d’où tout est parti. D’une certaine façon, cette saison 2 raconte aussi leur success story…  

Histoire originale

De fait, ce compte aux 850 000 follower·euses, que la pétillante Morgane appelle “les archives nationales de l’amour” puisqu’elle y accueille, stocke et trie depuis 2017 les messages amoureux échangés par SMS d’une foultitude d’auteur·rices anonymisé·es, est tout à la fois le reflet d’une génération (les 25-35 ans, la sienne) et le point de départ d’une aventure remarquable. Toujours d’actualité près de sept ans après. “Je reçois encore quatre-vingts messages par jour”, confie-t-elle d’une voix douce et posée, histoire de ne pas gêner alentour. “Mais j’ai deux ans de retard dans le tri et l’archivage, c’est un boulot à plein temps !” Pas de panique pour autant, juste une gratitude profonde : “Je ne me projette dans rien, jamais, donc je n’avais pas prévu que cette aventure déboucherait sur un livre en 2018 (Amours solitaires, publié chez Albin Michel), encore moins sur une série en 2020 !

Une web-série, précisément, puisque la saison 1, consacrée au couple de fiction formé par Maud et Simon (rien à voir avec Saïd, Maëlle et Alma, donc), a été multidiffusée sur les plateformes d’Arte (Arte.tv) et de France Télévisions (France.tv Slash) comme sur les réseaux sociaux (YouTube et Instagram) afin de toucher en priorité son public miroir. Une chouette série, façon romance épistolaire en mode 2.0, dont elle découvre à présent la nouvelle variation, en direct au côté de la scripte et en regardant sur le combo, bluffée par la magie de l’incarnation. “Je suis trop contente de l’équipe, de l’ambiance sur place, des actrices et acteurs, et de Louise, super smart et super délicate”, s’enthousiasme-t-elle alors que les images de Younès, Mathilde et Nina défilent sur le petit écran vidéo.

Un élan visiblement partagé, Morgane étant accueillie comme une amie par l’ensemble de l’équipe, décidément inclusive. “Je suis venue plusieurs fois sur le tournage et j’ai été pas mal impliquée dans le processus”, explique-t-elle simplement. Car même si elle n’a pas participé à l’écriture, elle en a validé toutes les étapes, avec sa grande copine Juliette. “Contrairement à la saison 1, qui était directement adaptée de mon livre, il s’agit d’une histoire originale écrite par Marguerite Pellerin et Joris Goulenok. J’ai dû lâcher le bébé, mais je ne me sens pas dépossédée.”

Parce que le moteur initial de son projet – l’amour – est toujours dans l’air, de même que la volonté d’explorer au plus près les nuances complexes des relations modernes. Et parce qu’il y est toujours question de SMS, de messages et de correspondances… à tout point de vue.

“Plus c’est intime, plus c’est universel”

S’il est une émotion universelle, c’est bien l’amour ! Les gens ont besoin d’être touchés et d’être liés, surtout dans une époque aussi dure que la nôtre. Le paradoxe étant que plus c’est intime et plus c’est universel”, reprend Morgane avant que Juliette n’enchaîne : “Du coup, même si la saison 2 est différente de la saison 1, on a gardé son dispositif formel, avec l’affichage des messages. Il faut laisser aux spectateurs la possibilité de projeter leur propre intimité. Or, pour garder cette proximité, rien de mieux que de les amener à lire. L’écrit, c’est important !” souligne la jeune trentenaire. “Proposer de nouveaux modèles aussi !”, renchérit Morgane. “C’est la responsabilité de cette série que de sortir des stéréotypes, tel l’amour-passion, ça fait mal et c’est normal. Parce que cette mauvaise définition de l’amour peut avoir des répercussions très graves et justifier le pire. Il n’y a pas si longtemps, on parlait encore de crime passionnel en lieu et place de féminicide…”, insiste encore cette féministe convaincue.

Rien de tel, donc, dans Amours solitaires, “une série à la fois fleur bleue et très actuelle, un peu à la manière de Normal People, qui m’a servi de référence” , synthétise Louise, tandis que la musique reprend de plus belle dans le salon. À fond, comme toute la petite bande d’Amours solitaires saison 2 ! Ne reste plus qu’à attendre la fin d’année, désormais, pour découvrir cet épisode 3 – et les autres – sur les plateformes d’Arte et de France Télévisions bien entendu.

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