expo
© Richard Davis / Victoria and Albert Museum London

Expo pho­to : Julia Margaret Cameron irra­die au Jeu de Paume

Plus que quelques jours pour décou­vrir l’œuvre foi­son­nante de la pho­to­graphe anglaise du XIXe siècle, parente de Virginia Woolf. 

Des jeunes filles éthé­rées et gra­cieuses, des visages angé­liques tout droit sor­tis de l’Angleterre vic­to­rienne… Julia Margaret Cameron cache bien son jeu : car en réa­li­té, son tra­vail grouille de femmes “en che­veux”, ce qui, à l’époque, ne se fai­sait guère. Loin d’être des modèles pas­sifs, les femmes et filles qui se mettent en scène devant son objec­tif sont plei­ne­ment actrices de leur trans­for­ma­tion. Dans le caba­non de jar­din de Julia Margaret Cameron, qui lui sert de labo­ra­toire pho­to­gra­phique, on se déguise, on se cos­tume et on pose en divi­ni­tés grecques ou en per­son­nages d’épisodes bibliques. Une “vita­li­té indomp­table” émane de ces cli­chés, selon les mots de Virginia Woolf qui lui consa­cra un texte, en plus d’être sa petite-​nièce. La mère de l’autrice, Julia Stephen, figure d’ailleurs en bonne place dans l’exposition que lui consacre le Jeu de Paume, à Paris. 

Pionnière de la pho­to au XIXe siècle, Julia Margaret Cameron (1815−1879) est un spé­ci­men de late bloo­mer, ce qui n’est pas pour nous déplaire. En effet, sa fille et son gendre lui offrent une chambre pho­to­gra­phique lorsqu’elle a 48 ans. Sur l’île de Wight, où elle vit, défilent d’illustres voi­sins (Charles Darwin, le poète Tennyson…) ou des inconnu·es qui posent devant son objec­tif. Portraitiste auto­di­dacte, elle prend des liber­tés avec la tech­nique, culti­vant même le flou sur ses tirages.

Cette somp­tueuse rétros­pec­tive, Capturer la beau­té, la pre­mière en France depuis qua­rante ans, per­met tou­te­fois mal de mesu­rer sa renom­mée de son vivant. Plusieurs angles morts sub­sistent éga­le­ment, lais­sant le·a visiteur·euse sur sa faim. D’abord, la dimen­sion colo­niale de son tra­vail : aris­to­crate excen­trique éle­vée entre la France, l’Angleterre et l’Inde, Julia Margaret Cameron était l’épouse d’un pro­prié­taire de plan­ta­tions de café et finit sa vie à Ceylan (Sri Lanka). Dans la mesure où elle pho­to­gra­phia des habitant·es du cru, que pen­ser de ces images ? Ensuite, les rap­ports de domi­na­tion en jeu avec certain·es de ses modèles, comme sa domes­tique, Mary Ann Hillier, qui appa­raît sur bon nombre de pho­tos, ne sont jamais inter­ro­gés. Celle-​ci se prêtait-​elle au jeu de bonne grâce ? Avait-​elle le choix ? Difficile à dire. Hormis ces quelques inter­ro­ga­tions, pro­fi­tons de ces der­niers jours pour (re)découvrir ce pré­cieux tra­vail, qui fait la part belle aux femmes.

Julia Margaret Cameron. Capturer la beau­té. Exposition au Jeu de Paume (Paris), jusqu’au 28 janvier. 

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