Debacle 2
©Thomas Sweertvaegher / Savage Film

Avec la sor­tie en salles de “Débâcle”, la France expé­ri­mente le sou­tien psy­cho­lo­gique au cinéma

À l’occasion de la sor­tie en salle du film Débâcle, qui traite des vio­lences sexuelles dans l’enfance, un espace d’échange, d’écoute et de sou­tien psy­cho­lo­gique sera pro­po­sé aux spectateur·rices.

C’est une pre­mière en France. À l’occasion des pre­mières pro­jec­tions de Débâcle, en salles mer­cre­di 28 février, une aide psy­cho­lo­gique sera pro­po­sée aux spectateur·rices. Le film aborde de manière fron­tale le trau­ma­tisme des vio­lences sexuelles dans l’enfance. Inspiré du roman de Lize Spit paru en 2016, le pre­mier long-​métrage de l’actrice et réa­li­sa­trice belge Veerle Baetens retrace le retour dans sa ville natale d’une vic­time, Éva. Dans sa voi­ture, celle-​ci trans­porte un énorme bloc de glace, élé­ment clé pour l’aider à affron­ter son pas­sé dévas­ta­teur. Elle est inter­pré­tée par Charlotte de Bruyne et Rosa Marchant, qui a rem­por­té le prix de la meilleure actrice au fes­ti­val du film indé­pen­dant de Sundance en 2023, à l’âge de 16 ans.

Avant le film, inter­dit aux moins de 12 ans, un mes­sage aver­tit les spectateur·rices qu’ils·elles peuvent deman­der de l’aide ou sim­ple­ment dis­cu­ter par télé­phone avec des membres d’associations de pro­tec­tion de l’enfance ou de pré­ven­tion du sui­cide. En com­plé­ment, La Grande Distribution, qui orga­nise des débats après la pro­jec­tion de films, pré­voit une cin­quan­taine de séances spé­ciales dans toute la France, avec des béné­voles dis­po­nibles pour échan­ger et écou­ter les spectateur·rices qui le souhaitent.

“L’idée du ‘ciné-​safe’ [le nom de cette ini­tia­tive, ndlr], c’est en gros de dire : le ciné­ma est un endroit où vous êtes en sécu­ri­té et peu importe les émo­tions que vous allez res­sen­tir, on est là avec vous et on ne vous lais­se­ra pas tom­ber”, explique Mélanie Simon-​Franza, gérante de La Grande Distribution. “C’est une sorte de trem­plin ou de média­tion entre le ciné-​débat et le psychologue.”

“Écouter cette parole”

Ce pro­jet, raconte-​t-​elle, est né en accom­pa­gnant un autre film, Slalom, de Charlène Favier (2021), qui traite des vio­lences sexuelles dans le sport. “Après les séances, on fai­sait des débats clas­siques et on se ren­dait compte qu’il y avait des spec­ta­trices et des spec­ta­teurs qui avaient réa­li­sé avec ce film qu’elles et ils avaient vécu des vio­lences dans l’enfance. On n’était pas prêt à écou­ter cette parole-​là et à la prendre en charge”, se souvient-​elle.

Veerle Baetens, révé­lée comme actrice par le film indé­pen­dant Alabama Monroe en 2012, se dit “très contente” de cette ini­tia­tive. “Pour être hon­nête, on a essayé de la mettre en place dans mon pays [la Belgique], mais le dis­tri­bu­teur n’a pas vrai­ment sui­vi”, ajoute-​t-​elle.

Le 7e art est plon­gé dans une vaste intros­pec­tion sur les his­toires por­tées à l’écran et la manière de fil­mer les scènes de sexe. Le mou­ve­ment #MeToo est né dans le monde du ciné­ma et devrait être au centre de la céré­mo­nie des César, ven­dre­di à Paris, après les accu­sa­tions de vio­lences sexuelles por­tées par l’actrice Judith Godrèche contre les réa­li­sa­teurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

Pour Débâcle, qui entre­tient la ten­sion avec des flash-​back, la réa­li­sa­trice a régu­liè­re­ment fait appel à un psy­cho­logue afin de pré­pa­rer ces scènes dif­fi­ciles avec ses acteur·rices mineur·es. Au ciné­ma, “le regard mas­cu­lin doit exis­ter, mais ça fait cent ans qu’il n’existe que ça”, remarque enfin la réa­li­sa­trice. “Et donc, je trouve qu’on est dans une époque très inté­res­sante où, fina­le­ment, le regard fémi­nin est consi­dé­ré comme inté­res­sant aus­si.

Lire aus­si I Affaires Benoît Jacquot, Jacques Doillon… Le #MeToo fran­çais prend un tour­nant his­to­rique : celui de l’alliance des femmes puissantes

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