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De gauche à droite © capture écran youtube / @ Entrée libre, © Eva Rinaldi / Wikimedia Commons, © capture écran Dailymiotion / QuelleEpoque

Affaires Benoît Jacquot, Jacques Doillon… Le #MeToo fran­çais prend un tour­nant his­to­rique : celui de l’alliance des femmes puissantes

L’actualité de la semaine a fait prendre au mou­ve­ment #MeToo un nou­veau tour­nant his­to­rique en France. Celui de l’alliance des femmes puissantes.

En accu­sant puis en por­tant plainte contre le réa­li­sa­teur Benoît Jacquot, Judith Godrèche a allu­mé la mèche d’une bombe qui n’en finit plus d’exploser et qui – mal­heu­reu­se­ment pour les actrices, mais heu­reu­se­ment pour la libé­ra­tion des femmes et de leur parole – n’a sans doute pas fini de rebon­dir. Hasard du calen­drier, au même moment, on appre­nait que le par­quet de Paris avait requis le ren­voi en cor­rec­tion­nelle du réa­li­sa­teur Christophe Ruggia “pour agres­sions sexuelles sur mineur par per­sonne ayant auto­ri­té” sur Adèle Haenel, au début des années 2000. L’actrice est l’une des pre­mières à avoir dénon­cé publi­que­ment un réa­li­sa­teur et à lan­cer le mou­ve­ment #MeToo en France. Et l’on doit sans doute à son cou­rage, le fait que d’autres femmes osent par­ler depuis.

Aujourd’hui, des actrices de pre­mier plan accusent des réa­li­sa­teurs de pre­mier plan. C’eût été impos­sible il y a encore quelques années. Si ce mou­ve­ment col­lec­tif, de soli­da­ri­té et de soro­ri­té bou­le­verse au pre­mier chef, il fait éga­le­ment prendre au mou­ve­ment un nou­veau tour­nant : des actrices, très célèbres, avancent désor­mais en bande orga­ni­sée, en rang ser­ré, comme un bull­do­zer que plus rien ne semble pou­voir arrêter.

C’est parce que Judith Godrèche, por­tée par sa colère, a fini par dérou­ler tout le récit des agres­sions que Benoît Jacquot aurait com­mises à son encontre qu’Isild Le Besco – même si elle a répon­du au Monde qu’elle n’était “pas prête à évo­quer cette his­toire dans la presse” et pré­fé­rait réser­ver sa parole à une éven­tuelle convo­ca­tion “devant un tri­bu­nal” – a tou­te­fois recon­nu avoir subi des “vio­lences psy­cho­lo­giques ou phy­siques” de la part de Benoît Jacquot, avec qui elle a éga­le­ment été en couple.

C’est parce qu’elle a lu cette ter­ri­fiante enquête du Monde que Virginie Ledoyen, qui a elle aus­si vécu une his­toire avec le réa­li­sa­teur, s’est dite “sidé­rée, bou­le­ver­sée”. Bien qu’elle consi­dère que « [son] his­toire avec Benoît Jacquot n’est pas com­pa­rable, même si [elle] n’avai[t] que 17 ans”, et qu’elle “n’ai[t] connu aucune de ces souf­frances”, elle n’a pas hési­té à dire des témoi­gnages de ses consœurs : “Je les crois et leur apporte tout mon soutien.”

Si Judith Godrèche a éga­le­ment accu­sé de viol Jacques Doillon, sur France Inter, c’est sans doute parce qu’elle savait qu’elle n’était pas seule. Et qu’Anna Mouglalis et Isild Le Beso étaient avec elle pour témoi­gner des agres­sions et du har­cè­le­ment qu’elles auraient éga­le­ment subis de la part de ce réa­li­sa­teur. Et comme une sorte d’écho soro­ral, Adèle Haenel a décla­ré à Mediapart être “bou­le­ver­sée” par le récit de Judith Godrèche.

La soli­da­ri­té entre actrices nous a beau­coup man­qué pen­dant des années, décla­raient Alice de Lencquesaing, Clotilde Hesme et Ariane Labed dans une grande inter­view croi­sée parue lun­di 5 février dans Libération. Il sem­ble­rait bien que cette époque soit révo­lue. Et que les comé­diennes se tiennent désor­mais par la main. Membres de l’Association des acteur·rices, Lencquesaing, Hesme et Labed appe­laient de leurs vœux, dans cet entre­tien, “de nou­veaux récits et de nou­velles pra­tiques dans le ciné­ma”. Loin, très loin “des abus sur les tour­nages, du mythe du cinéaste tout-​puissant et des scé­na­rios sté­réo­ty­pés”. Il se pour­rait bien qu’après cette semaine his­to­rique, elles soient enfin entendues.

Car, ensemble, elles n’ont plus peur. Ensemble, elles font front. Et leurs voix résonnent à l’unisson.

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