Dénoncée en 1692 pour des faits de sorcellerie, Elizabeth Johnson Jr vient d’être officiellement disculpée par le sénat du Massachusetts grâce au travail de collégien·nes.
Salem, 1693. C’est dans cette petite bourgade américaine du Massachusetts – aujourd’hui rebaptisé Danvers – que s’est déroulée entre février 1692 et mai 1693 la terrifiante chasse aux sorcières qui a marqué l’histoire des États-Unis. Des centaines de femmes – et une poignée d’hommes – y sont arrêté·es pour sorcellerie. Parmi iels, Elizabeth Johnson Jr. Dénoncée par des habitant·es de la région, la jeune femme de 22 ans est condamnée à mort pour actes de sorcellerie en 1693. Elle échappe à la mort de justesse grâce à l’intervention du gouverneur royal du Massachusetts William Phips, dépêché sur place et qui met un terme au bal sinistre des procès. L’homme de loi fait en sorte que les accusées emprisonnées soient progressivement libérées.
Mais jusqu’à présent, contrairement à tous·tes les autres condamné·es de son époque, Elizabeth Johnson Jr n’avait jamais eu droit au pardon. Il aura fallu attendre trois siècles – 329 ans pour être précise – pour que son nom soit aujourd'hui définitivement lavé de tout soupçon. Le Guardian a en effet révélé vendredi que le sénat du Massachusetts a officiellement disculpé, le jeudi 26 mai, la jeune femme accusée à tort d’avoir pratiqué la sorcellerie. Une procédure de disculpation lancée l’an dernier grâce à l’action d’élèves de troisième (huitième année, dans le système scolaire américain) du collège de North Andover, région d’où était originaire Elizabeth Johnson Jr.
Innocentée grâce au travail de collégien·nes
« Ils ont passé la plus grande partie de l’année à travailler pour que cela soit prêt pour la législature – en rédigeant un projet de loi, en écrivant des lettres aux législateurs, en créant des présentations, en faisant toutes les recherches, en examinant le témoignage d’Elizabeth Johnson, en se renseignant davantage sur les procès des sorcières de Salem », a expliqué Carrie LaPierre, la professeure d’éducation civique qui a accompagné les élèves de North Andover dans ce projet. Grâce aux minutieuses recherches des élèves, la sénatrice démocrate du Massachusetts, Diana DiZoglio, à qui les élèves avaient envoyé le fruit de leurs travaux, a déposé en mai un projet de loi visant à innocenter Elizabeth.
« Nous ne pourrons jamais changer ce qui est arrivé à des victimes comme Elizabeth, mais nous pouvons au moins rétablir la vérité », a déclaré l’élue américaine auprès du Guardian. « L’histoire et le combat d’Elizabeth continuent de trouver un écho important aujourd’hui, a‑t-elle ajouté. Bien que nous ayons parcouru un long chemin depuis les horreurs des procès de sorcières, les femmes d’aujourd’hui voient encore trop souvent leurs droits remis en question et leurs préoccupations rejetées. »
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On sait aujourd’hui peu de chose sur la « dernière sorcière de Salem » si ce n’est qu’elle ne s’est jamais mariée et n’a jamais eu d’enfants. Jusqu’au travail des élèves de la North Andover Middle School, personne ne s’était battu pour obtenir son innocence. Elizabeth Johnson Jr avait bien tenté, seule, en 1712 de demander au tribunal du Massachusetts de reconnaître son innocence mais sa requête n’avait pas abouti. Des résolutions législatives ultérieures, qui avaient par la suite blanchi une série d’accusées, étaient restées limitées, et ne faisaient pas mention de son nom. C’est chose faite aujourd’hui, il n’y a désormais plus de sorcières à Salem.
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