La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a présenté mardi 8 mars les excuses officielles du gouvernement pour les milliers de femmes condamnées pour sorcellerie du XVIe au XVIIIe siècles, dont la majorité sont mortes sur le bûcher.
Cela aura pris du temps, près de trois siècles, mais l’Écosse a, par la voix de sa Première ministre Nicola Sturgeon, présenté à l’occasion du 8 mars ses excuses publiques aux quelques 4 000 personnes – en majorité des femmes – victimes des redoutables chasses aux sorcières menées dans le pays entre le XVIe et le XVIIIe siècles. Tour à tour, elles furent accusées de gâcher les récoltes, d’avoir lancé une malédiction sur un voisin ou pire, dansé avec le diable. Pour ces méfaits, dont la véracité se basait sur de simples rumeurs, ces femmes ont été condamnées pour sorcelleries et une grande partie d’entre elles se sont retrouvées au bûcher.
Si le phénomène a touché toute l’Europe – les historien·nes parlent de 200 000 procès en sorcellerie et 50 000 à 100 000 femmes brulées sur l'ensemble du continent -, la chasse aux sorcières a été particulièrement virulente en Écosse. Une période sombre de l’histoire du pays, qui a duré jusqu’à la révocation du Witchcraft Act, (loi sur la sorcellerie), en 1736. Trois siècles plus tard, la démarche de l’État écossais « attendue de longue date » a été accueillie avec soulagement, précise le quotidien écossais The National. Devant les député·es, la Première ministre écossaise a regretté « une injustice immense » motivée selon elle « en partie par la misogynie dans son sens littéral : la haine des femmes ».
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Ces excuses sont le fruit d’une pétition signée par plus de 3 000 personnes et présentée devant le Parlement écossais au printemps dernier par l’avocate Claire Mitchell et l’autrice Zoe Venditozzi, qui ont lancé en 2020 la campagne Witches of Scotland. Pour donner de la force à leur action, le duo a lancé dans le même temps le hashtag #Womennotwitches qui lui a permis de gagner en visibilité. Elles avaient reçu le soutien officiel de l’administration de Nicola Sturgeon fin 2021.
Après des mois de lutte, les excuses ont donc été présentées aux Écossaises victimes de la chasse aux sorcières. Nicola Sturgeon a par ailleurs ouvert la voie à l’adoption d’une loi graciant à titre posthume les victimes. De son côté, l’organisation Witches of Scotland réclame l’érection d’un mémorial national en souvenir des « sorcières », comme l’a fait la Norvège en 2011.