Damien Carême a loupé de peu le titre de « meilleur maire du monde ». Intriguée, Causette s'est rendue à Grande-Synthe, en quête de ses recettes miracles. Du camp humanitaire pour réfugiés à la Maison écologique, l’édile prône le système E comme Entraide.
Personne ne vous racontera d’histoire à Grande-Synthe (Nord). Ce n’est pas parce que Damien Carême est sur la short list des dix meilleurs maires du monde qu’on est au pays des Bisounours. C’est le fameux camp humanitaire, ouvert il y a tout juste un an, qui lui a valu cette nomination par la City Mayors Foundation, think tank international qui remet chaque année ce prix1.
Dans ce camp, « certains jours sont meilleurs que d’autres », glissent plusieurs bénévoles rencontrés sur place, avant d’évoquer « des tensions, des bagarres, les magouilles des réseaux de passeurs ». Mais tous sont unanimes : mieux valent ces baraques en bois rudimentaires où résident quelque 1 200 réfugiés que la survie sous les tentes et dans la boue du Basroch. Ce lieu-dit, de l’autre côté de la ville, était devenu le point de rendez-vous de réfugiés kurdes candidats au passage en Grande-Bretagne. En octobre 2015, lorsque le pic de 2 500 personnes est atteint, que la gale circule, le maire dit stop à l’indignité. Damien Carême, d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), à contre-courant des évacuations laborieuses de la « jungle » de Calais, décide de faire construire « le premier camp humanitaire de France, sur le modèle de ceux des zones de guerre en Afrique ou au Moyen-Orient ». Il se rapproche de Médecins sans frontières, qui accepte d’emblée de participer et l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, puisque la prise en charge des réfugiés relève[…]
- Pour l’édition 2016, cet organisme n’a retenu que des municipalités se préoccupant du sort des réfugiés : Lahr (Bade-Wurtemberg) en allemagne, Lampedusa en Italie, athènes et Lesbos en Grèce, Grande-Synthe en France… Le gagnant, annoncé le 13 février, est Bart Somers, maire de Malines, en Belgique.[↩]