Elle n'est pas prête de lâcher sa couronne : Aya Nakamura est repartie jeudi, comme attendu, en reine, avec trois prix aux Flammes, la cérémonie des musiques urbaines.
Comme un symbole, c’est elle qui a ouvert le show au Théâtre du Châtelet, à Paris, avec un medley de ses hits. Avec, déjà, une couronne scintillante illuminant le décor derrière elle. À 28 ans, la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde a logiquement écrasé la compétition avec les récompenses d’artiste féminine de l’année, album nouvelle pop et rayonnement international.
Aya Nakamura avait déjà remporté l’an passé, pour la première édition des Flammes, le prix de l’artiste féminine. En février, les Victoires de la musique lui avaient remis un prix équivalent, après lui avoir décerné auparavant une distinction anecdotique. Un triomphe qui survient alors que l’extrême droite la dénigre, depuis que le magazine L’Express a émis l’idée qu’elle chante un morceau d’Édith Piaf à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris le 26 juillet.
Mais l’interprète de Djadja (près de 960 millions de vues sur YouTube) a d’illustres défenseurs. Dans Le Nouvel Obs, jeudi, l’acteur Omar Sy s’est désolé qu’on en soit encore “là, en France” et “qu’en 2024, il y ait encore un débat sur une artiste comme Aya Nakamura, dont [il] salue le parcours et le grand talent”. La présence de l’artiste aux JO n’a pas été confirmée, mais, pour Emmanuel Macron, la chanteuse aurait “tout à fait sa place dans une cérémonie d’ouverture ou de clôture des Jeux”. Et d’ajouter que la décision reviendrait au directeur artistique de ces cérémonies, Thomas Jolly.
Flammes très politiques
Dans cette 2e édition des Flammes, c’est Gazo qui, comme l’an dernier, a été sacré artiste masculin de l’année. Un trophée qu’il avait aussi soulevé aux Victoires en février. Le prix du meilleur concert, parmi les plus importants, a été remis à SCH pour son passage au Vélodrome à Marseille, sa ville, l’an passé.
Puis la soirée a pris un tournant politique : le rappeur Médine a dédié sa performance live au peuple gazaoui, en interprétant son morceau Gaza Soccer Beach, sorti en 2015. “Il n’y a pas assez de place sur les murs du théâtre [du Châtelet] pour pouvoir inscrire les noms des 35 000 victimes”, a-t-il déclaré ensuite, alors que des prénoms s’inscrivaient en toile de fond. Le rappeur est escorté par les controverses, dont la dernière en date, l’été dernier, pour un tweet jugé antisémite. “Non seulement je ne suis pas antisémite, mais en plus, je lutte contre l’antisémitisme depuis vingt ans au plus près, sur le terrain”, s’était-il alors défendu.
Assa Traoré, soeur d'Adama Traoré, mort en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes, est elle aussi montée sur scène. "Mon engagement porte un nom, celui de mon frère, celui d'Adama", a-t-elle réaffirmé sur scène.
Retransmise pour la première fois en direct sur W9, en parallèle de Twitch et YouTube, les Flammes sont nées en réaction aux Victoires de la musique, qui ont souvent snobé rap et R’n’B. Fruit de l’association entre le média et agence de communication Yard et le média Booska-P, cette nouvelle cérémonie a le soutien de la plateforme Spotify, leader du streaming musical, associée depuis le début à l’événement. Les nominations et les lauréat·es y résultent, pour la grande majorité des récompenses, de l’agrégat du vote du public et de celui du jury.