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© Mitchell Luo

Loi pou­voir d'achat : on est au max, là ?

La décon­ju­ga­li­sa­tion de l'AAH, l'augmentation des pres­ta­tions sociales et des pen­sions, la hausse des loyers pla­fon­née et un amen­de­ment ico­no­claste signé EELV pour recy­cler en car­bu­rant l'huile de fri­ture. Voilà les bonnes nou­velles issues du vote du pro­jet de loi « d’urgence » pour le pou­voir d’achat. Avec une grande faille : plu­tôt que de reva­lo­ri­ser les salaires en aug­men­tant le Smic, la majo­ri­té pré­fère encore et tou­jours des « primes Macron » sen­tant bon le libéralisme.

ÉDITO. « Qui a déjà tou­ché 800 ou 900 euros par mois ici ? Personne. » Mercredi 20 juillet, alors que depuis lun­di, l'Assemblée natio­nale débat du pro­jet de loi « d’urgence » pour le pou­voir d'achat, la dépu­tée insou­mise Rachel Keke, deve­nue figure de la lutte vic­to­rieuse des femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolle, en agace plus d'un·e dans les rangs de la majo­ri­té. « Par mois ! Je ne vous ai pas dit par jour ! » insiste-​t-​elle, puisqu'elle a fait mouche, avant d'enfoncer le clou : « Vous mépri­sez les métiers essen­tiels, ceux qui servent la France. » 

Finalement voté dans la mati­née du ven­dre­di 22 juillet à 341 voix pour, 116 contre et 21 abs­ten­tions, le texte de loi semble ne pas répondre à « l'urgence » dont il était l'objet et les rai­sons de se réjouir sont minces. Certes, l'Allocation adultes han­di­ca­pés est décon­ju­ga­li­sée… Mais il fau­dra attendre octobre 2023 pour en sen­tir les effets. Certes, les pen­sions et les pres­ta­tions sociales (RSA, bourses sco­laires…) sont reva­lo­ri­sées… Mais de 4% alors que les pré­vi­sions concer­nant l'inflation tablent sur une hausse du coût de la vie de 5,5%. Certes, le gou­ver­ne­ment a sou­te­nu et fait pas­ser un amen­de­ment ico­no­claste du chef de file EELV Julien Bayou, qui léga­lise l'utilisation comme car­bu­rant des huiles de fri­ture et répond ain­si à un enjeu éco­lo­gique… Mais « en même temps », les député·es ont voté un recours accru aux éner­gies fos­siles pour ten­ter de parer à la guerre éner­gé­tique menée par Vladimir Poutine. Ainsi, la tout juste fer­mée – en mars – cen­trale à char­bon de Saint-​Avold en Moselle est auto­ri­sée à redé­mar­rer l'hiver pro­chain et la porte au gaz de schiste amé­ri­cain appa­raît grand ouverte à l'issue de ce vote en pre­mière lecture.

Lire aus­si l L’Assemblée vote en faveur de la décon­ju­ga­li­sa­tion de l’AAH qui entre­ra en vigueur en 2023

Surtout, c'est la logique libé­rale qui semble avoir gagné : plu­tôt que de reva­lo­ri­ser le Smic à 1 500 euros net comme le deman­dait la Nupes (Nouvelle union popu­laire éco­lo­gique et sociale), la majo­ri­té rela­tive a signé – avec le sou­tien des Républicains et du Rassemblement natio­nal – pour le tri­ple­ment du pla­fond des « primes Macron », appa­rues en 2018 en réponse aux reven­di­ca­tions des Gilets jaunes. Concrètement, les employeur·euses pour­ront ver­ser jusqu’au 31 décembre 2023 une prime excep­tion­nelle d’un mon­tant maxi­mal de 3 000 euros (ou 6 000 euros, en cas d’accord d’intéressement), exo­né­rée d’impôt sur le reve­nu et de coti­sa­tions et contri­bu­tions sociales pour les salarié·es dont le reve­nu équi­vaut à moins de trois fois la valeur du smic. Des primes tem­po­raires, à aller arra­cher auprès de son ou sa patron·ne, donc.

Le périple de cette loi n'est pas fini : après le vote de son pre­mier volet, les député·es ont atta­qué l'examen du deuxième, c'est-à-dire la loi de finances rec­ti­fi­ca­tives per­met­tant de finan­cer ces mesures. Au pro­gramme : taxa­tion des super­pro­fits, sup­pres­sion de la rede­vance audio­vi­suelle et prix du car­bu­rant. On ne demande que d'être agréa­ble­ment sur­prises par un sur­saut de mesures réel­le­ment sociales.

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