Selon une étude d’impact du gouvernement publiée lundi 23 janvier, la réforme des retraites pénalisera davantage les femmes qui devront, en moyenne, cotiser plus longtemps.
« La réforme [des retraites], c’est deux ans ferme pour tout le monde et c’est encore pire pour les femmes », s’est insurgée, lundi 23 janvier, Béatrice Clicq, secrétaire confédérale Force ouvrière (Fo), sur franceinfo. Selon une étude d’impact du gouvernement, révélée lundi 23 janvier par Les Échos, les femmes devraient en effet travailler sept mois de plus en moyenne, contre cinq supplémentaires pour les hommes. En cause principalement, la disparition du bénéfice des trimestres validés automatiquement avec l’arrivée d’un enfant – huit trimestres par enfant dans le privé, quatre dans le public, créés pour compenser les effets du congé maternité pendant lequel les femmes ne cotisent pas. Certaines femmes verront en effet l'impact de ces trimestres gommé avec le report de l'âge légal de départ à 64 ans (contre 62 actuellement) puisque les trimestres par enfant ne jouent pas sur le report de l’âge, ils jouent sur la durée de cotisation.
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À cela s'ajoute l'allongement progressif de la durée de cotisation (qui devrait atteindre 43 ans dès 2027). Ainsi, près de 210 000 femmes en moyenne par génération devront décaler leur départ, contre 170 000 pour les hommes, selon l’étude d’impact du gouvernement, rapporte Les Échos. La réforme des retraites va de fait davantage pousser les femmes à allonger leur carrière professionnelle que les hommes.
Les femmes, « un peu pénalisées » par la réforme
Dans la foulée de ces révélations, le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, a admis lundi soir sur la chaîne Public Sénat que les femmes seraient « un peu pénalisées » par la réforme. « On n’a jamais dit que tout le monde était gagnant. Les femmes, pour atteindre leur durée de cotisation, utilisent notamment des trimestres validés par enfant […]. Évidemment, si vous reportez l’âge légal, elles sont un peu pénalisées. On n’en disconvient absolument pas », a déclaré Franck Riester.
Une déclaration aussitôt reprise par les opposant·es à la réforme. « Même le gouvernement finit par reconnaître que les femmes seront pénalisées par le report de l’âge légal. Plus les jours passent et plus tout démontre l’injustice de ce projet », a ainsi tweeté le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure. « La réforme des retraites est une réforme anti-femmes ! », s’est exclamé Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale sur le plateau de BFM-TV face au porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
Travailler plus pour gagner plus ?
Devant la bronca, les membres du gouvernement ont bien tenté de corriger le tir et d’éteindre l’incendie, arguant que si les Françaises vont certes travailler plus, elles gagneront plus. « Je ne peux pas laisser dire que notre projet ne protégerait pas les femmes. Au contraire », a ainsi lancé Élisabeth Borne, vivement interpellée lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée mardi 24 janvier, notamment par la députée socialiste Mélanie Thomin qui a estimé que les femmes seront « plus lourdement pénalisées » par le report d’âge. « Nous protégeons les femmes qui ont des carrières incomplètes et hachées, les femmes qui ont commencé à travailler tôt, les femmes qui ont des petites pensions », a répondu la Première ministre en indiquant que « les femmes seront les premières bénéficiaires de la revalorisation des petites pensions ». Gabriel Attal, ministre de l’Action et des Comptes publics, expliquait lui aussi sur LCI hier soir que « les femmes qui travailleront plus longtemps verront aussi leur pension améliorée ».
C’est aussi la contrepartie du projet gouvernemental : puisque la réforme va pousser les femmes à allonger davantage leur carrière que les hommes, cela va contribuer à « réduire les écarts de pensions » entre les genres. Aujourd’hui, les retraites des femmes sont en effet 40 % en dessous de celles des hommes, indique Le Monde. Selon l’étude d’impact du gouvernement sur la réforme, avec la revalorisation du minimum de pension jusqu’à 1 200 euros, celles des femmes – qui sont en moyenne plus nombreuses à toucher ce minimum – devraient augmenter de 1 % à 2,2 % en fonction des générations, contre 0,2 % à 0,9 % pour celles des hommes.
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