Alors qu'une jeune infirmière a succombé à ses blessures ce mardi à la suite d'une agression à l'arme blanche au CHU de Reims (Marne) et que l’Observatoire de la sécurité des médecins enregistre une hausse des incidents déclarés par les médecins, le ministre de la Santé veut réunir les parties prenantes pour élaborer des pistes pour plus de sécurité dans la profession.
En 2022, les médecins ont déclaré en tout 1244 incidents auprès de l'Observatoire de la sécurité des médecins, qui vient de publier ces chiffres, relayés par France Bleu. Une hausse de 23% des violences – agressions verbales ou physiques – dans l'exercice de leurs fonctions, c'est-à-dire de près d'un quart par rapport à 2021.
Les médecins généralistes sont largement les plus touché·es, précise l'Observatoire, avec 71% des déclarations (contre 61% en 2021). Chez les spécialistes, ce sont les psychiatres qui sont en première ligne, avec 4% des déclarations. La plupart des incidents recensés (33%) sont liés à un reproche relatif à une prise en charge. Viennent ensuite les conflits autour des refus de prescription d'un médicament particulier ou d'un arrêt de travail (20%), la falsification d'un document (11%), une attente jugée excessive (10%) et les vols (9%). En ce qui concerne la géographie de ces incidents, on trouve tout d'abord les centres villes (56% des déclarations), puis le milieu rural (21%) puis les banlieues (19%).
Le porte-parole de l'Observatoire Jean-Jacques Avrane invite les professionnel·les de santé à systématiser le dépôt de plainte (pour l'heure, seuls 31% de ces incidents en font l'objet), pour mieux mesurer le phénomène : « Les incidents et les violences contre les soignants sont largement sous-estimées car on n’a que les violences déclarées », a‑t-il déclaré à Franc Inter.
Cette alarme arrive au moment même où le ministre de la Santé François Braun a annoncé vouloir réunir « avant la fin de la semaine un comité avec toutes les parties prenantes, les syndicats, les professionnels » pour « voir ce que l’on peut faire pour garantir encore plus de sécurité pour les soignants », rapporte le Huffington Post. Cette déclaration a été faite lors d'un point presse concernant le décès ce mardi 23 mai au matin de Carène, une infirmière de 38 ans travaillant au CHU de Reims (Marne). La jeune femme et une collègue secrétaire médicale de 56 ans, laquelle se trouve toujours dans un état critique, ont été agressées au couteau par un individu de 59 ans la veille.
Ce dernier, a expliqué le procureur de Reims Matthieu Bourrette dans un communiqué « semble avoir agi sans mobile apparent, d’autant qu’il n’avait pas de rendez-vous dans ce service » de « médecine et santé au travail ». Il « semble souffrir de troubles sévères et fait l’objet depuis plusieurs années d’une mesure de curatelle renforcée », ajoute le communiqué. François Braun a demandé à ce que soit respectée une minute de silence mercredi à midi dans tous les hôpitaux du pays.
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