Panorama de lhémicyle de lassemblée nationale
©Richard Ying et Tangui Morlier

L’Assemblée vote en faveur de la décon­ju­ga­li­sa­tion de l’AAH qui entre­ra en vigueur en 2023

L’Assemblée natio­nale a fina­le­ment adop­té à la quasi-​unanimité, dans la nuit du 21 au 22 juillet, l’indépendance finan­cière des per­sonnes béné­fi­ciaires de l'Allocation adultes han­di­ca­pés vis-​à-​vis de leur conjoint·e, long­temps refu­sée par la majorité.

L’espoir est deve­nu une cer­ti­tude. La décon­ju­ga­li­sa­tion de l’Allocation adultes han­di­ca­pés (AAH) entre­ra en vigueur le 1er octobre 2023. Aux alen­tours de minuit et demi dans la nuit du mer­cre­di 20 au jeu­di 21 juillet, les député·es l'ont adop­tée par 428 voix pour et une contre. La seule voix dis­so­nante lors de ce vote a été celle de Thomas Mesnier, vice-​président du groupe Horizons, qui n’a pas sou­hai­té expli­quer cette posi­tion per­son­nelle. Une quasi-​unanimité des député·es, donc, ras­sem­blant à droite comme à gauche. C’est d’ailleurs avec une ova­tion col­lec­tive et des cris de vic­toire que s’est conclu ce vote, qui scelle le pre­mier consen­sus trou­vé sur l’épineux pro­jet de loi d’urgence pour le pou­voir d’achat exa­mi­né par l’Assemblée depuis lundi.

Rejetée à six reprises par la majo­ri­té lors du pré­cé­dent quin­quen­nat, la mesure, reven­di­quée de longue date par les asso­cia­tions, consacre l’indépendance finan­cière des per­sonnes béné­fi­ciant de l'AAH, notam­ment des femmes, en ne tenant plus compte pour le cal­cul de cette aide les reve­nus du ou de la conjoint·e. « Des cen­taines de mil­liers de per­sonnes n’auront plus à choi­sir entre le cœur et le porte-​monnaie », s’est réjouie la pré­si­dente du groupe La France Insoumise, Mathilde Panot. En effet, dans cer­tains cas, les béné­fi­ciaires de l'AAH renon­çaient à se marier pour ne pas perdre leur allocation. 

Concrètement, la mesure doit per­mettre de chan­ger le mode de cal­cul de cette aide finan­cière (d'un mon­tant de 907 euros maxi­mum) qui concerne 1,3 mil­lion de per­sonnes. Et sur­tout d’individualiser son mon­tant pour 160.000 couples, péna­li­sés par le sys­tème actuel qui dégresse le mon­tant de l'allocation en fonc­tion du reve­nu du ou de la conjoint·e. En moyenne, l'augmentation atten­due serait de 300 euros pour ces couples.

Lire aus­si I La décon­ju­ga­li­sa­tion de l'AAH en dis­cus­sion à l'Assemblée natio­nale cette semaine

Alors qu'il s'était oppo­sé au cours de son pre­mier man­dat pré­si­den­tiel à la décon­ju­ga­li­sa­tion de l'AAH, mi-​avril, Emmanuel Macron fai­sait volte-​face dans un contexte de cam­pagne pour sa réélec­tion en décla­rant : « Ce qui est vrai, c'est que ça [la conju­ga­li­sa­tion de l'AAH] crée une situa­tion aber­rante pour les per­sonnes en situa­tion de han­di­cap, donc on va le bou­ger. » Un virage confir­mé début juillet par la Première ministre, Elisabeth Borne, lors de son dis­cours de poli­tique générale.

Si la dépu­tée Insoumise, Mathilde Panot s’est réjouie de cette avan­cée, elle regrette néan­moins le calen­drier tar­dif. Les débats ont d’ailleurs été intenses sur la ques­tion de l’application de la mesure, que le gou­ver­ne­ment a fixé à octobre 2023. Les député·es de l’opposition sou­haitent, elles et eux, l’avancer au 1er juillet 2023, voire au 1er jan­vier. « Si nous pou­vons aller plus vite, nous irons plus vite », a pro­mis le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, Olivier Dussopt.

« Les bases sont posées et qu’il n’y aura pas de recul en la matière. »

Olivier Véran, porte-​parole du gouvernement

Pour jus­ti­fier ce délai, le gou­ver­ne­ment fait valoir le sort des « 44 000 per­dants de la décon­ju­ga­li­sa­tion » qui selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des sta­tis­tiques (DRESS) pour­raient ain­si voir leur allo­ca­tion dimi­nuer avec le nou­veau cal­cul. Le gou­ver­ne­ment estime que cette mesure leur ferait subir ain­si une perte moyenne de 270 euros. « Il y a tout le pro­ces­sus. Comme je vous l'ai dit, on veut évi­ter qu'il y ait des per­dants », explique Olivier Véran, le porte-​parole du gou­ver­ne­ment ce jeu­di sur France Info qui insiste tou­te­fois sur le fait que « les bases sont posées et qu’il n’y aura pas de recul en la matière ».

Pour évi­ter la baisse du mon­tant de l’allocation, le gou­ver­ne­ment a donc l’intention « d'instituer un dis­po­si­tif tran­si­toire per­met­tant à un allo­ca­taire de l'AAH, qui serait sus­cep­tible de voir le mon­tant de son allo­ca­tion dimi­nuer en rai­son de la décon­ju­ga­li­sa­tion, de conser­ver le mon­tant de cette allo­ca­tion jusqu'à l'expiration des droits acquis », a expli­qué le ministre devant la com­mis­sion des affaires sociales à l'Assemblée natio­nale, lun­di 11 juillet. Olivier Dussopt s’est d’ailleurs dit ouvert à la dis­cus­sion sur ce point, pro­po­sant aux député·es « les plus inves­tis sur le sujet » de par­ti­ci­per à une réunion avec les acteur·rices concerné·es, avant le pas­sage du texte devant les sénateur·rices, qui avaient lar­ge­ment voté pour en octobre 2021.

Lire aus­si I Déconjugalisation de l'AAH : « Les dépu­tés qui ne prennent pas le train en marche le regret­te­ront par la suite »

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