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Mobilisations pro­pa­les­ti­niennes à Sciences Po : la sec­tion dis­ci­pli­naire sai­sie pour huit élèves

L'occupation d'un amphithéâtre par des étudiant·es propalestiniens sur fond d'accusations d'antisémitisme avait attisé les controverses pour Sciences Po Paris : pressé de sévir jusqu'au sommet du gouvernement, la direction du prestigieux établissement a décidé jeudi de renvoyer huit étudiant·es devant la section disciplinaire.

Huit élèves de Science po ont été renvoyé·es devant la section disciplinaire jeudi 23 mai. L'école avait été plongée dans la tourmente le 12 mars, avec des incidents survenus lors de l'occupation d'un amphithéâtre par environ 300 militant·es propalestiniens dans le cadre d'une "journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine". La direction avait alors indiqué qu'une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) avait "été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre" et que "des propos accusatoires" avaient été prononcés à la tribune à l'encontre de l'association.

L'UEJF avait dénoncé des propos antisémites, une version contestée par le comité Palestine de Sciences Po. Cette affaire avait suscité un vif émoi jusqu'au sommet de l'État. Le président Emmanuel Macron avait dénoncé des propos "inqualifiables et parfaitement intolérables". Son Premier ministre Gabriel Attal, passé tout comme lui sur les bancs de Sciences Po Paris, avait déploré "une sorte de lente dérive liée à une minorité agissante" et demandé des "sanctions extrêmement fermes". Après cet épisode, une enquête interne avait été lancée et le gouvernement avait saisi le procureur.

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Auteurs de la phrase antisémite non identifiés

Plus de deux mois après cette affaire, l'enquête interne, qui a conduit à 38 auditions d'étudiant·es, enseignant·es et salarié·es, "a permis d'établir la tenue d'actes et de propos contraires à notre règlement et aux valeurs de Sciences Po", a indiqué l'administrateur provisoire de Sciences Po Jean Bassères dans un message jeudi aux salarié·es et aux étudiant·es de l'école. "Parmi ces actes, on compte l'occupation de l'amphithéâtre, le filtrage d'une étudiante à l'entrée, des propos à caractère discriminatoire tenus à l'encontre" de l'UEJF, "des propos dénigrant Sciences Po et ses personnels ainsi qu'un acte d'intimidation à l'égard d'un enseignant", poursuit-il.

Concernant l'accusation de "propos à caractère discriminatoire et antisémite" à "l'encontre d’une étudiante" et le fait de savoir "si la phrase 'Ne la laissez pas rentrer, elle est sioniste' avait été prononcée", "les différentes auditions confirment que trois étudiants ont déclaré avoir entendu à proximité immédiate de l'amphithéâtre une telle phrase, mais selon différentes variantes", détaille-t-il. La cellule d'enquête n'a donc "pas été en capacité d'identifier le ou les auteurs de ces propos", ajoute-t-il. "Il y a une conviction", explique Jean Bassères dans une interview au journal Le Parisien jeudi : cette phrase "a été prononcée, sous cette forme ou une autre", mais "la cellule n'a pas pu identifier les auteurs pour les traduire devant la section disciplinaire. Ce que je regrette". Quant aux huit étudiant·es renvoyé·es devant la section disciplinaire, ils et elles risquent jusqu'à l'exclusion de l'enseignement supérieur pour cinq ans, selon la direction.

"Un pas important"

L'UEJF a salué jeudi la décision de Sciences Po de saisir la commission disciplinaire, "un pas important contre la haine à l'université", selon elle. "Cette décision importante doit aboutir au plus vite à des sanctions d'une absolue fermeté. Il en va de la sérénité des étudiants juifs à Sciences Po et sur les campus français", a-t-elle poursuivi sur X. Le syndicat l'Union étudiante de Sciences Po a déploré de son côté cette saisine. "Que leur est-il reproché ? Avoir organisé une conférence pendant une matinée dans un amphithéâtre !", a-t-il dénoncé dans un communiqué, regrettant "une véritable chasse aux sorcières" et un "deux poids deux mesures de la direction criant".

Plusieurs mobilisations d'étudiant·es pour Gaza ont eu lieu depuis mars sur les campus de Sciences Po Paris, épicentre du mouvement en France, en écho à la mobilisation partie des campus américains. La direction de Sciences Po avait organisé début mai un débat interne sur le Proche-Orient, mais il avait débouché sur une nouvelle occupation des locaux, évacués ensuite par la police. Cette mobilisation a enflammé le débat politique en pleine campagne des européennes. Désormais, les étudiant·es n'ont plus de cours, car ils et elles passent leurs examens.

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