Emmanuel Macron 2019 10 09 03
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Présidentielle : le can­di­dat Macron asso­cie l'IVG à un traumatisme

Jeudi, lors de la présentation de son programme, Emmanuel Macron a tenu à expliquer aux femmes que l'IVG serait « toujours un drame ». Il s'approprie ainsi les paroles qu'avait utilisées Simone Veil pour arracher aux parlementaires le droit à l'avortement.

« Top 50 des idées de droite », ironise Boris Vallaud, porte-parole d'Anne Hidalgo. « Un projet de la contrefaçon », s'insurge Valérie Pécresse, candidate des Républicains à l'élection présidentielle. Après la présentation de son programme jeudi aux Docks de Paris, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Emmanuel Macron est attaqué de toutes parts : tancé par la gauche pour des mesures économiques résolument libérales jusqu'à être accusé de plagiat par la droite.

En ce qui concerne sa vision sociétale, si le président-candidat a martelé vouloir faire, encore une fois, de l'égalité entre les femmes et les hommes, la grande cause de son futur quinquennat, il n'a que très peu abordé cette thématique lors de son discours. Elle est, par ailleurs, quasi-inexistante du programme mis en ligne sur le site internet de sa campagne. À noter l'ambition d'augmenter de 50% l’allocation de soutien familial, qui bénéficiera aux familles monoparentales avec principalement des mères célibataires, et de tripler l’amende pour outrage sexiste.

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À la fin de son intervention, au moment des questions-réponses avec les journalistes, le chef de l'État a tout de même été interrogé sur l'une des (rares) avancées de son quinquennat en matière de droit des femmes : l'allongement du délai de 12 à 14 semaines du délai pour réaliser une IVG, voté par le Parlement fin février et promulgué par ses soins. Sans surprise, Emmanuel Macron a, entre les lignes, réitéré son opposition à cette mesure pourtant portée par des député·es LREM. « Je ne la remettrai donc pas en cause, elle sera maintenue », a-t-il ajouté.

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« Un DROIT FONDAMENTAL »

Au cours de sa réponse, le président-candidat a surtout employé un vocabulaire appuyant sur le traumatisme que peut représenter pour certaines femmes l'avortement en assurant qu'il s'agit d'un « droit », « mais [que] c'est toujours un drame pour une femme ». Ou encore que cela représente « toujours un moment très difficile quand une femme fait ce choix », lequel « marque les femmes qui ont à le vivre ». L'actuel président se réfugie derrière les arguments des gynécologues-obstétriciens disant « qu'entre la 12e et la 14e semaine les changements physiologiques [sont] tels que le traumatisme [est] plus important ».

Un discours qui a suscité la colère de nombreuses féministes et femmes politiques sur les réseaux sociaux. À l'image de la sénatrice EELV Mélanie Vogel, qui souligne que l'avortement est « souvent un soulagement, une solution et c’est surtout l’exercice d’un DROIT FONDAMENTAL ». Ou de la sénatrice Laurence Rossignol qui fustige un candidat s’obstinant « à culpabiliser les femmes qui avortent en assénant que l’IVG est un "drame"». La philosophe Camille Froidevaux-Metterie rappelle que « les études le montrent, il n'existe pas de syndrome post-traumatique après une IVG », citant le gynécologue-obstétricien Philippe Faucher, qui le dit noir sur blanc... sur sur le site du ministère de la Santé.

Lire aussi I « Oui, j'ai avorté » : pourquoi il est nécessaire, en 2021, de dire que l'on a avorté

Cet accent mis sur le champ lexical du « drame » n'est d'ailleurs pas sans rappeler la tribune de Simone Veil, en 1974, à l'Assemblée nationale, pour y défendre sa loi autorisant l'avortement : « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame, cela restera toujours un drame. » En employant le même vocabulaire que l'ancienne ministre de la Santé qui a arraché de haute lutte à ses confrères et consœurs parlementaires le droit à l'IVG, Emmanuel Macron essaie évidemment de protéger son propos sous l'aura de cette figure tutélaire. Sauf que ce discours date de 1974, dans un pays où la société et les mœurs ne sont évidemment pas les mêmes qu'aujourd'hui. Et que, depuis, de nombreuses femmes ont pris la parole pour enlever le tabou et les stéréotypes encore associés à cette pratique. En atteste la campagne « Oui, j'ai avorté », récemment lancée par le Planning familial, à laquelle Causette avait pris part.

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