Un quotidien féminin et féministe qui s’adresse aux femmes en leur parlant de tout : c’est la grande aventure de La Fronde, fondé en 1897, en plein âge d’or de la presse, par Marguerite Durand, une ex-comédienne excentrique et flamboyante.

La première grande patronne de presse française était une actrice qui jouait principalement des rôles d’ingénues, aimait les belles toilettes, se promenait en ville avec un lion tenu en laisse et adoooorait le casino. Mais Marguerite Durand était plus qu’une originale, c’était une féministe combative qui, à 33 ans, créa La Fronde – premier quotidien fait par des femmes, pour les femmes.
Tout commence en 1864. Marguerite Durand naît à Paris, dans un milieu bourgeois. À 15 ans, elle entre au Conservatoire d’art dramatique, puis joue à la Comédie-Française. Elle se marie quelques années plus tard. Son époux, Georges Laguerre, est avocat et député de la Gauche radicale. Républicain acharné, il défend des anarchistes, des ouvriers émeutiers, ainsi que la communarde Louise Michel. Le couple reçoit tout le gratin de la presse et du monde politique et prend avec ferveur la défense du général Boulanger, puis celle du capitaine Dreyfus. Bientôt, il divorce. Marguerite Durand est une femme libre. Elle a la petite trentaine flamboyante, elle est belle, blonde et charmeuse. Elle fait tourner les têtes, fréquente les salons, et écrit pour Le Figaro. Sa carrière de journaliste démarre.
Un jour d’avril 1896, Le Figaro l’envoie couvrir un congrès féministe international. Ayant appris que des étudiants allaient chahuter les débats, elle s’y rend afin d’écrire un compte rendu humoristique. À l’époque, le féminisme ne l’intéresse guère. « Aux hommes le forum, aux femmes le foyer… Ainsi pensait la majorité. J’étais alors de la majorité. » À l’époque, les femmes mariées sont considérées comme des mineures. Elles n’ont pas le droit de travailler[…]