Ce lundi sur France Inter, l'actrice Corinne Masiero a révélé avoir été victime d'inceste lorsqu'elle était enfant. Son témoignage sera diffusé fin septembre dans le documentaire Inceste, le dire et l'entendre, d'Andréa Rawlins, sur France 3.
« La parole, c’est l’étincelle qui permet de faire bouger les choses après. » Ce lundi 19 septembre, Corinne Masiero a témoigné de l'inceste qu'elle avait subi à l'âge de huit ans, au micro de Sonia Devillers dans la matinale de France Inter. Une première prise de parole publique sur le sujet pour l'actrice, avant la diffusion le 26 septembre du documentaire d'Andréa Rawlins, Inceste, le dire et l'entendre, dans l'émission Infrarouge de France 3.
Dans ce documentaire de la réalisatrice qui a déjà travaillé sur le harcèlement au travail, le viol, le harcèlement scolaire ou encore la pauvreté infantile, six autres personnes, hommes et femmes, raconteront l'inceste qu'ils et elles ont vécu. Un phénomène ultra répandu puisque, selon un sondage de 2020 réalisé par l'Ipsos pour l'association Face à l'inceste, un·e Français·e sur dix dit être victime ou avoir été victime de prédation sexuelle de la part d'un·e membre de leur famille. Cela représente le chiffre sidérant de presque 7 millions de personnes.
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« On parle de ces chiffres qui touchent les familles incestuées, observe Corinne Masiero sur France inter. Je le constate, quand je fais des concerts avec Les Vaginites. On demande dans le public qui a été touché directement ou indirectement ici [par l’inceste]. On observe une forêt de bras se lever. Ça touche tout le monde directement ou indirectement. » Celle dont l'agresseur, l'un de ses cousins âgé de dix ans de plus qu'elle, est décédé il y a longtemps n'a jamais porté plainte et remet en cause cette responsabilité qui pèse sur les épaules des victimes. « Quoi qu'il arrive, c'est à la victime à se démerder à parler, c'est à la victime à se démerder pour faire des démarches […] C'est comme les femmes battues qu'on oblige à se barrer : c'est pas à elles de se barrer, c'est à l'agresseur de se barrer ! » L'actrice star de Capitaine Marleau dénonce également, au sein des familles, une culture du viol qui prend la forme de « blagounettes sur les femmes et les enfants. Ce n’est pas normal. Ce genre de trucs fait qu’une omerta se met en place. »
Corinne Masiero pourfend aussi la rhétorique des pédophiles qui emploient le champ lexical amoureux pour justifier de leurs gestes, comme a pu le faire Gabriel Matzneff après les révélations de Vanessa Springora dans Le Consentement : « Il n'y a pas d'amour. C'est sous couvert d'amour qu'on t'agresse, quand on est ch'tiot, c'est ça. » Et conclut avec son franc-parler habituel : « Le seul moment où il y a égalité des classes, c’est au sujet de l’inceste. Ça touche tout le monde à égalité, partout, les bourges, les prolos… Dans toutes les familles, on est confronté à ça. Pourquoi ? Parce qu’on voit dans les pubs, dans ce qu’on voit à la télé, à l’école, des gens qui ont le pouvoir. C’est toujours des hommes blancs qui font ce qu’ils veulent avec les autres autour. Dans la famille, c’est le patriarche. »
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