119 SYNDROME DE L IMPOSTEUR © Camille Besse
© Besse

Pourquoi le syn­drome d’imposture est avant tout une affaire de femmes

Alors qu’on n’est pas encore débar­ras­sées de l’inégalité sala­riale ni des obs­tacles aux pro­mo­tions péna­li­sant les femmes, un autre mur invi­sible, bien plus insi­dieux, pour­rit le quo­ti­dien de beau­coup d’entre nous au bou­lot : le syn­drome d’imposture. Un sen­ti­ment d’illégitimité, qui, s’il n’est pas 100 % fémi­nin, sabote bien plus la vie des femmes. Études à l’appui.

Sept ans que Kancou est diplô­mée d’une école de com­merce fran­çaise et d’une uni­ver­si­té bri­tan­nique, deux ans et demi qu’elle est « cheffe de mar­ché » dans une enseigne de meubles, six mois qu’elle refait la déco d’appartements, tout ça en sui­vant une for­ma­tion et en tenant un blog artis­tique. Pourtant, en dépit de ce quo­ti­dien de war­rior de l’aménagement inté­rieur, elle est loin de se voir comme la relève de Valérie Damidot. En pleine négo­cia­tion d’un devis d’envergure, « j’ai com­men­cé à me deman­der “pour­quoi est-​ce qu’on devrait me faire confiance ?” ou “est-​ce que je ne veux pas aller trop vite ?” », confie Kancou. Comme elle, Clémence « se remet en cause en per­ma­nence ». Elle est pre­mière col­la­bo­ra­trice de l’un des direc­teurs des res­sources humaines d’une « grande boîte d’aéronautique », à la tête d’une enti­té de « 35 000 per­sonnes à tra­vers le monde ». Elle n’a même pas eu à pos­tu­ler pour ce job pres­ti­gieux. On est direc­te­ment venu lui offrir. Sa pre­mière réac­tion ? « Il y a erreur, je ne vois pas pour­quoi on me pro­pose ça à moi. » Deux ans après, ses col­lègues la voient « déjà mon­ter » à un grade de cheffe. Elle se dit « non, impos­sible » et pré­fère « attendre quelques années ».

Un concept for­ma­li­sé dans les années 1970

Dans la vie pro de ces femmes, entre le tableau exté­rieur – la réus­site – et le tableau inté­rieur – un doute injus­ti­fié – réside un phé­no­mène dont on (re)découvre l’envergure : le syn­drome d’imposture. Viennent de paraître plu­sieurs livres sur le sujet. Le Syndrome d’imposture. Pourquoi les femmes manquent tant de confiance en elles ? (éd. Les Arènes), de la réa­li­sa­trice Élisabeth Cadoche et la psy­cho­thé­ra­peute Anne de Montarlot, ain­si qu’une réédi­tion du Manuel de sur­vie à l’usage des wor­king girls (éd. Autrement), de la jour­na­liste spé­cia­liste du genre au New York Times, Jessica Bennett. Le sujet fait aus­si, depuis quelques années, l’objet de cen­taines de posts de[…]

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