Talentueuse écrivaine de la Belle Époque et fascinante figure lesbienne,
Renée Vivien est une femme libre. Dans ses poèmes, elle révèle avec finesse ses amours saphiques, passionnées, mais souvent malheureuses. Méprisée par la critique de son époque, cette poétesse britannique de langue française aura mené une vie hors du commun.

« Ma bouche a possédé ta bouche féminine / Et mon être a frémi sous tes baisers d’amant », écrit Renée Vivien dans le poème La Double Ambiguïté 1. À l’aube du XXe siècle, l’autrice déclare publiquement son amour à une femme et affirme ses désirs sans détour. La société condamne pourtant l’homosexualité, considérée alors comme une maladie mentale. À cela s’ajoute un certain mépris pour les femmes de lettres, l’univers intellectuel étant réservé aux messieurs. On les surnomme, non sans ironie, les « bas-bleus ». Mais qu’importe les conventions, Renée Vivien prend la plume avec courage. Dans un style raffiné relevant du Parnasse, un courant littéraire qui porte une grande attention à la forme et à l’esthétique, elle fait entendre une voix résolument révolutionnaire. Elle publie des textes lesbiens, mais aussi féministes, condamne le mariage et rejette la maternité. Jugée trop sulfureuse et accusée de perversité, elle est refusée par les éditions traditionnelles. Ses propos sont trop libres pour circuler sans problème. Méprisée par la critique, Renée Vivien doit se contenter d’éditions confidentielles, à compte d’auteur.
Cette audacieuse est d’origine britannique. Née à Londres le 11 juin 1877 d’une mère américaine et d’un père anglais, qui la nomment Pauline Mary Tarn, elle est élevée dans une famille très fortunée. Avide de liberté, la jeune femme ne supporte pas les mœurs conservatrices de la[…]