Le nouveau roman de Louise Erdrich, grande plume des mémoires amérindiennes, embrasse plusieurs tonalités : du polar au récit chamanique, de l’histoire sentimentale à la rage politique.
Figure majeure des lettres américaines depuis plus de trente ans, grande plume des mémoires amérindiennes, Louise Erdrich parvient encore et toujours à se renouveler. Son dix-huitième roman embrasse plusieurs tonalités : du polar au récit chamanique, de l’histoire sentimentale à la rage politique. Et l’ensemble ne tient qu’à une seule voix : celle de Tookie, sa narratrice quadragénaire, qui raconte car elle est libre. Quinze ans auparavant, cette Amérindienne avait pourtant été condamnée à une peine de… soixante ans de prison – un simple coup de main qui avait mal tourné… Libérée au bout de dix ans, elle a refait sa vie, épousé un policier et trouvé un emploi dans une librairie de Minneapolis. Un lieu où les client·es restent fidèles… au-delà de la mort. C’est le cas de Flora, dont le fantôme revient hanter les rayonnages de livres. Dès lors, Tookie est poursuivie par le passé de sa communauté, et le sien en particulier. La Sentence déploie alors son récit en pointant la culpabilité américaine liée au génocide indien originel. Le roman se poursuivra jusqu’en 2020, avec le meurtre de George Floyd, à Minneapolis justement, et donnera la pleine mesure de sa rage politique. Louise Erdrich offre là un envoûtant tour de force littéraire.
La Sentence, de Louise Erdrich, traduit de l’anglais (États-Unis) par Sarah Gurcel. Albin Michel/Coll. Terres d’Amérique, 448 pages, 23,90 euros. Sortie le 6 septembre.