Révélée sur Instagram avec son personnage de Maedusa Gorgonne, la dessinatrice Noémie Fachan s’attaque aux injonctions parentales dans son premier livre, Maternités : miracles et malédictions.
Peut-être faites-vous partie des 111 000 abonné·es à son compte Instagram @Maedusa_gorgon (si ce n’est pas le cas, courez‑y!). Depuis plus de deux ans, l’autrice de BD Noémie Fachan y met en scène son alter-ego Maedusa, héroïne coiffée de serpents (inspirée du personnage mythologique) qui dézingue avec ironie le sexisme quotidien et les discours craignos des « Persée – Jean-Michel » . Une gorgone des temps modernes que l’on retrouve aujourd’hui dans Maternités : miracles et malédictions, en librairie depuis le 23 août.
Premier livre de Noémie Fachan, composé de planches inédites, cet opus s’ouvre dans la salle d’attente d’un cabinet de « gorgonologie » – mais si, vous savez, ce lieu où l’on vient consulter pour des histoires de contraception, de grossesse ou de ménopause. Après une rapide présentation (où elle nous livre son interprétation savoureuse du mythe de Méduse et Persée), Maedusa s’y interroge sur son désir de maternité face à une gorgonologue bienveillante. Dès lors, se succèdent dans ce cabinet une galerie de personnages qui, à travers leurs histoires, viennent questionner les innombrables injonctions liées à la maternité.

Il y a Manon et Maïmouna, deux copines qui se retrouvent enceintes à l’aube de la vingtaine et se soutiennent mutuellement malgré leurs choix différents – et évidemment critiqués – face à leur grossesse. Il y a Meredith, la childfree heureuse ; Millicat, écartelée par la fameuse « conciliation » de sa vie de famille et de son travail ; Madeleine, cette mère des années 50 qui a succombée à une grossesse à risque, faute de pouvoir accéder à la contraception et à l’avortement ; ou encore Mel et Malik, un couple de pères trans.
C’est ce qu’on aime (entre autres) dans Maternités : miracles et malédictions : à travers ces dix-neufs portraits colorés, Noémie Fachan donne à voir et à entendre une vraie diversité de parcours et de schémas familiaux. Et si elle revient évidemment sur les incontournables sujets mater-féministes (bonjour charge mentale et culpabilisation maternelle), l’autrice élargit la focale en abordant aussi le racisme, l’handimaternité, l’autisme d’un enfant ou la transernité (soit la grossesse d’un homme trans). Le tout avec pédagogie et, comme toujours chez Maedusa, une bonne dose d’humour. Comme lorsqu’elle fait la pub de Marmie, archétype de la maman parfaite « garantie sans colorants ni conservateurs » – « Entièrement disponible pour son bébé, elle l’est aussi pour son chéri ! ». Un livre ironiquement réconfortant, qu’on ait des enfants…ou pas.
“Maternités : miracles et malédictions”, de Noémie Fachan, éditions Hatier Parents, 160 pages, 21,90 euros.