Il a suffi du buzz de quelques vidéos stylées de roller dance et de roller skating pendant le confinement pour que le monde entier se mette au patin. En particulier, les queers et les féministes. En se demandant pourquoi, Causette est remontée aux racines d’un sport très politique, qui doit beaucoup aux communautés afros.

Ça a commencé avec une silhouette en short jaune et chaussettes mi-hautes. Parmi une foule de joyeux·ses luron·nes surfant au loin sur une piste de goudron ensoleillée, elle se filme, dansant sur quatre roues et enchaînant, sur fond de musique lounge, des moves en patins. Pas les rollers des années 1990–2000, aux roues en ligne : les bons vieux patins, les quads. Avec cette vidéo postée sur Instagram fin juin 2020, Oumi Janta, prof de roller berlinoise d’origine sénégalaise, est passée de 30 000 à 800 000 abonné·es. Boum ! Tout le monde s’y est mis. Le succès est tel que, depuis, la marque de référence de patins lookés vintage, Moxi, est en rupture de stock. Laurence Sabas, prof de roller dance et vétérante du patin en France – elle pratique depuis les années 1980 –, a vu la fréquentation de ses cours doubler. « J’ai des demandes pour faire des pubs quasi tous les jours. Smart et Adidas ont sollicité Oumi Janta. Moi, je viens de participer au clip de la petite sœur de maître Gims. »

Mais la mayonnaise a surtout pris grâce à des comptes Instagram ou TikTok lambda, pendant les confinements. Déferlante de vidéos de meufs (surtout des femmes ou des personnes non binaires) en patins vintage. Certain·es s’en tiennent à la discipline d’Oumi Janta : le roller dance, des minichorégraphies (les moves) que l’on fait chez soi ou dans sa rue. La plupart ont en revanche décliné leur kif en misant sur le roller skating. Autre sous-discipline du roller, centrée sur les promenades dans la ville et, surtout, sur des figures (les tricks) travaillées en sautant au skatepark.
Dans les vidéos de ces sk8er girls (les vrai·es reconnaîtront la réf à Avril Lavigne), certains détails reviennent. Des drapeaux arc-en-ciel sur les accessoires. De l’écriture inclusive. Des slogans de manif féministe. Des posts sur l’inclusivité. Un joli package « queero »-féministe. Un an et une pandémie sur le déclin (on l’espère) plus tard, la communauté s’est déconfinée. On la retrouve dans les skateparks du Mans, de Toulouse ou de Montréal. Avec tous ces détails. Peut-être parce que ce ne sont pas des détails.
Badass dans la ville

Comme beaucoup, c’est en s’extasiant devant le dribble d’Oumi Janta (le nom du move dans sa vidéo) qu’Elvire Duvelle-Charles, cofondatrice de Clit Révolution, s’est mise au patin. « Elle dégage une telle sensation de liberté… Ça contrastait avec[…]