woman standing on grass field
©Sasha Freemind

Série d’été « Nouveaux Départs » – « J’ai envie de trans­mettre à ma fille que le bon­heur est un choix et qu’on a le droit de tout quit­ter pour être libre et heureuse »

Série d’été « Nouveaux Départs », 2/​9

Cet été, Causette s'intéresse aux nou­veaux départs, aux chan­ge­ments de vie et aux bou­le­ver­se­ments du quo­ti­dien. Il y a un an et demi, Anaïs a pla­qué son mec, son job et sa rou­tine pour se réins­tal­ler chez ses parents avec sa fille de trois ans. Une rup­ture aux airs de libé­ra­tion pour la jeune femme de 36 ans.

"Il y a un an et demi, j’ai mis un terme à une vie ennuyeuse dans laquelle je ne me recon­nais­sais plus. J’ai quit­té le père de ma fille avec qui j’étais depuis sept ans et j’ai démé­na­gé à 450 kilo­mètres. À 36 ans, avec ma fille de trois ans sous le bras, je me suis réins­tal­lée chez mes parents.

Si je ne regrette cette déci­sion pour rien au monde, tout quit­ter et renon­cer à un quo­ti­dien fami­lier, rou­ti­nier et, il faut le dire, confor­table n’a pas été simple. J’ai mis envi­ron un an avant de sau­ter le pas. Sans doute parce que j’ai gran­di avec l’idée que dans un couple on doit s’évertuer à tou­jours essayer d’arranger les choses. J’ai donc essayé et essayé encore et puis au bout d’un moment, je me suis posée la ques­tion : à quel moment, ça ira vrai­ment mieux ?

J'ai eu un déclic : ma vie ne cor­res­pon­dait plus à la per­sonne que j’étais deve­nue et je n’avais plus envie de faire des com­pro­mis, notam­ment dans mon couple. En fait, je me suis ren­due compte que ma vie toute entière était une accu­mu­la­tion de com­pro­mis que j’avais fait sans vrai­ment m’en rendre compte. Par exemple, je suis végé­ta­rienne et mon com­pa­gnon fai­sait sans cesse des bar­be­cues sans jamais prendre la peine de tenir compte de mon régime ali­men­taire. Nos convic­tions poli­tiques pre­naient aus­si le large s’éloignant de plus en plus l’une de l’autre, moi à gauche, lui à droite. 

Désormais, nous entre­te­nons des rela­tions cor­diales pour le bien de notre fille qu’il voit un week-​end sur deux. Pour l’instant, pour des rai­sons finan­cières, nous vivons chez mes parents. J’ai démis­sion­né de mon job confor­table de tra­duc­trice dans une entre­prise pour entre­prendre un BTS dans le social. Un choix pas tel­le­ment ano­din : ça fait des années que je suis béné­vole dans plu­sieurs asso­cia­tions fémi­nistes ou cultu­relles. J'ai juste réa­li­sé que c’est ce qui m’animait réellement. 

Je viens de vali­der ma pre­mière année et j’attaque la deuxième, et der­nière, en sep­tembre. Par sou­ci de faci­li­té, j’ai choi­si de suivre les cours à dis­tance par le CNED. J’avais quand même quelques appré­hen­sions notam­ment pour mon stage de fin d’année où j’avais peur d’être consi­dé­rée comme la « vieille ». Bon, quelques per­sonnes m’ont en effet deman­dé mon âge mais je l’ai pris à la rigo­lade. Et par chance, ma maî­tresse de stage a eu le même par­cours de recon­ver­sion que moi, donc ça aide.


D’un point de vue géné­ral, je me suis plu­tôt sen­tie sou­te­nue par mes proches même si cer­taines per­sonnes n’ont pas très bien com­pris pour­quoi j’avais pas­sé autant de temps à faire des études pour fina­le­ment chan­ger de métier. C’est en effet un choix qui implique évi­dem­ment des consé­quences finan­cières : je sais que je gagne­rais moins d’argent qu’en étant tra­duc­trice mais ça me rend vrai­ment heu­reuse. Pour la pre­mière fois depuis long­temps, je me sens épa­nouie et en accord avec mes valeurs. J’ai aus­si envie de trans­mettre à ma fille que le bon­heur se choi­sit et qu’on a le droit de tout quit­ter pour être libre et heureuse.

En chan­geant de vie, je me suis aus­si com­plè­te­ment redé­cou­verte. Il y a pleins de choses que je n’osais pas faire par manque de confiance. Par exemple, moi qui ne fai­sait jamais de sport j’ai ter­mi­né un semi-​marathon cet hiver et j’ai com­men­cé l’escalade. Je me suis aus­si mise à la gui­tare. En revanche, il faut quand même renon­cer à tout un tas de choses. Ma vie sociale, par exemple, en a pris un sacré coup. Mais aujourd’hui, j’ai aus­si de nou­veaux amis que j’ai l’impression d’avoir vrai­ment choi­sis. Je fré­quente éga­le­ment un homme depuis quelque temps. C’est une rela­tion à dis­tance, on se voit un week-​end par mois, mais ça me convient très bien pour l’instant. Après avoir pas­sé sept ans à m’oublier dans une rela­tion, j’ai besoin de vivre plei­ne­ment, égoïs­te­ment peut-​être, et de pen­ser à moi.

Bien sûr, je ne compte pas vivre éter­nel­le­ment chez papa-​maman. Je cher­che­rai un appar­te­ment l’an pro­chain lorsque je serai diplô­mée. La coha­bi­ta­tion se passe bien, même si reve­nir vivre chez ses parents à 36 ans avec un enfant en bas âge n’a pas été simple. J’ai quit­té le domi­cile fami­lial à l’âge de 18 ans, il a donc fal­lu que cha­cun trouve sa place dans cette nou­velle – et inédite – confi­gu­ra­tion. Au début, le fait que je sorte le soir sans pré­ci­ser l’heure de retour ou que j’aille sur des appli­ca­tions de ren­contre étaient, par exemple, des sujets de cris­pa­tions. Mais je leur ai expli­qué mon besoin de sor­tir et de par­ler à d’autres per­sonnes qu’un enfant de trois ans. D’ailleurs, je pense qu’ils sont ravis de nous avoir. Ce sont des grands-​parents com­blés. Je suis heu­reuse de voir ma fille construire une rela­tion avec eux. Ça n’aurait pas été la même chose si nous étions res­tées vivre à 450 km d'eux."

Épisode 1 – Série d’été « Nouveaux Départs » – Refaire sa vie en famille à plus de 5500 km

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