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En février 2013, Serge Charnay est resté perché quatre jours sur une grue à Nantes pour revendiquer le droit de voir son fils. Sauf que ce papa, qui avait déjà été condamné à deux reprises pour soustraction d’enfant, a écopé de quatre mois de prison ferme, toujours pour le même motif, en 2014. © A. Denantes/Gamma-Rapho

Syndrome d’aliénation paren­tale : la nou­velle arnarque des masculinistes

Jamais recon­nu par la com­mu­nau­té scien­ti­fique, le « syn­drome d’aliénation paren­tale » est pour­tant fré­quem­ment invo­qué devant les tri­bu­naux. Une influence que l’on doit pour beau­coup aux mas­cu­li­nistes, qui ont trou­vé là une arme par­faite pour occul­ter la ques­tion des vio­lences conju­gales.

« J’étais deve­nue la bonne à tout faire. Il me rabais­sait tout le temps, il buvait, j’avais tou­jours peur qu’il se mette en colère », se sou­vient Jade 1, 43 ans. Marocaine ayant gran­di en France, elle a 27 ans lorsqu’elle se marie avec un homme, lui aus­si maro­cain, qu’elle connaît depuis quelques mois seule­ment. Très vite, « la vie com­mune devient de pire en pire » : son mari, qui a exi­gé qu’elle arrête de tra­vailler, lui inter­dit aus­si de prendre une contra­cep­tion. Entre 2005 et 2007 naissent alors trois enfants. « Je n’avais pas d’argent, pas de télé­phone por­table, pas de loge­ment où aller. J’étais pri­son­nière », résume aujourd’hui cette brune volu­bile. Après une pre­mière ten­ta­tive de fuite avor­tée, elle finit par par­tir avec ses enfants, porte plainte et demande le divorce, au prin­temps 2014. C’est là, dit-​elle, que « les ennuis com­mencent ».
La plainte de Jade ayant été clas­sée sans suite, la jus­tice ne se pro­nonce pas sur les vio­lences conju­gales : pour elle, Jade et son époux vivent un simple « conflit paren­tal ». Afin de pou­voir déter­mi­ner si leurs enfants sont en dan­ger avec l’un ou l’autre, la jus­tice ordonne alors une enquête sociale, puis une seconde, à laquelle vient s’ajouter une mesure d’investigation judi­ciaire. Pendant ce temps-​là, Jade, qui a la garde des enfants, dit subir le har­cè­le­ment de son ex-​conjoint. Ce der­nier a d’ailleurs éco­pé, en 2017, d’un rap­pel à la loi pour des faits de vio­lences sur conjoint, comme le révèle une ordon­nance judi­ciaire que nous avons pu consul­ter. Cette ordon­nance, qui reprend les conclu­sions de l’enquêteur social, sou­ligne aus­si que les « enfants montrent une réelle crainte de voir leur père ». Ce qu’avait déjà rele­vé le juge des enfants, début 2018, indi­quant dans son ordon­nance que « cha­cun [d’entre eux] semble avoir été mar­qué par les mani­fes­ta­tions de colère de leur père dont ils ont été témoins ».
Ce qui explique peut-​être pour­quoi l’aîné, aujourd’hui âgé de 14 ans, refuse aujourd’hui de voir son pater­nel. Tout comme sa sœur de 13 ans, qui affirme que celui-​ci l’aurait sexuel­le­ment tou­chée en 2017 : si sa plainte (que nous avons pu consul­ter) a elle aus­si été clas­sée sans suite, l’attestation rédi­gée par sa psy­cho­logue dans le cadre de l’enquête sociale fait, elle, état d’un « stress post-​traumatique ». Quant au petit der­nier, 12 ans, il dit vou­loir gar­der un lien avec son père. Ce qu’a accep­té le juge aux affaires fami­liales, qui a néan­moins sta­tué en faveur de visites média­ti­sées (c’est-à-dire enca­drées par des professionnel·les de la pro­tec­tion de l’enfance). « Aujourd’hui, la parole[…]

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