Malgré l'interdiction des thérapies de conversion visant les personnes LGBT+ depuis 2022, une enquête de BFMTV a montré que l'association Torrents de vie en pratiquait toujours.
Cet été, dans les Bouches-du-Rhône, l'association protestante évangélique Torrents de Vie proposait un séminaire pour se libérer de son mal-être, de sa dépendance affective, de son addiction à l'alcool ou à la pornographie. Mais aussi, pour « renoncer au feu du désir » homosexuel, révèle BFMTV qui a pu s'infiltrer en caméra cachée dans ce qui s'apparente à une thérapie de conversion. Or, ces pratiques qui consistent à « guérir » l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne sont interdites par la loi depuis le 31 janvier 2022.
Au programme, pour « guérir » les participant·es de leurs supposés maux, prières et échanges en petits groupes, câlins, pour combler leur « manque d'amour supposé », et le dépôt de mots et de pierres, symboles de leurs « fardeaux », apprend-t-on dans le reportage de BFMTV, diffusé mercredi. « Je pense qu'une attirance homosexuelle, c'est une façon de remplir quelque chose que je n'ai pas eu, de l'amour que je n'ai pas eu, et que je vais chercher chez un semblable », explique lors d'une réunion un organisateur.
Face à cette pratique toujours existante, Bérangère Couillard, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a assuré sur Twitter condamner « fermement » ces pratiques et annoncé avoir demandé à la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (Dilcrah) de saisir le Procureur de la République pour enquêter sur les agissements de Torrents de Vie. Dans un communiqué, Sonia Backès, la secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté, rapporte avoir demandé à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) « d'étudier toutes les voies d'action possibles pour sanctionner l'association Torrents de vie et ses responsables ».
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Aucune plainte à ce jour
Torrents de vie « est connue de la Miviludes », a souligné Sonia Backès dans le communiqué. Avant de préciser : « Dans son dernier rapport, la Miviludes précise qu'elle a traité, en 2021, 293 saisines concernant la mouvance chrétienne au sens large, dont 153 sur la mouvance évangélique protestante. La Miviludes indique que les phénomènes sectaires concernant la mouvance évangélique protestante sont en pleine recrudescence. Les témoignages qui lui sont rapportés mettent en évidence des comportements discriminatoires et dangereux envers les femmes, les personnes en situation de handicap mais également envers la communauté LGBTQIA+. »
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Sur BFMTV mercredi soir, Bérangère Couillard a expliqué que si cette association est bien connue pour ses pratiques, aucune plainte n'a été déposée jusque-là par d'ancien·nes participant·es à son encontre. Ce qui explique, selon elle, que le gouvernement n'ait pas agi avant. Interrogé ce jeudi matin sur France inter, Joël Deumier, le président de SOS Homophobie, a appelé les victimes qui ont subi des thérapies de conversion à déposer plainte et/ou à contacter son association. « On espère que la loi de 2022 sera appliquée pour la première, pour créer un précédent. Pour envoyer un signal fort aux victimes », souligne-t-il.