Si le gouvernement rwandais a créé en 2002 des tribunaux communautaires permettant aux victimes d’écouter les “aveux” des bourreaux, la souffrance des survivantes de viol et de leurs enfants a été peu considérée. Les enfants né·es d’un viol – environ 20 000, selon l’ONG Survivors Fund – ne sont pas reconnu·es comme victimes du génocide par le gouvernement.
Chaque année, quand venaient le mois d’avril et les commémorations du génocide des Tutsi, Agatha* éteignait la radio et se murait dans le silence, passant l’essentiel de son temps blottie dans son lit. Un jour de 2006, sa fille Agnès* a demandé des explications à sa grand-mère. La réponse a laissé la fillette, alors âgée d’une dizaine d’années, sous le choc. “J’ai pleuré[…]