Depuis cet été, le clitoris à taille réelle et en 3D a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause : quelle sacrée révolution pour l’éducation sexuelle ! Et l’émancipation des femmes. Rencontre avec Odile Fillod, la chercheuse française qui l’a mis au point.

Antisexiste. Ce terme convient mieux à Odile Fillod que celui de féministe. « La notion de féminisme recouvre une grande diversité idéologique autant que stratégique, et il m’arrive d’être en désaccord aussi profond avec des féministes qu’avec des antiféministes, explique l’inventrice du désormais célèbre clitoris en 3D qui a suscité un buzz médiatique depuis l’été. Je ne remets évidemment pas en question la spécificité et la gravité incomparable de l’oppression des femmes, mais je suis sensible aux conséquences néfastes des normes de genre pour l’humanité tout entière. » Pour cette chercheuse indépendante, la précision a un sens et l’exactitude est un combat. Son combat. Depuis 2012, sur le blog Allodoxia, Odile Fillod met en évidence les distorsions opérées lors de la vulgarisation des résultats de certaines recherches. Elle-même est outillée pour le faire : diplômée de l’École centrale Paris, elle obtient un DEA de sciences cognitives puis se lance des années plus tard dans un travail de thèse, resté inachevé, sur la « naturalisation des différences psychiques entre hommes et femmes par les sciences biomédicales contemporaines ».
« J’ai une liberté de parole qu’on ne peut pas avoir lorsqu’on travaille pour une institution : il arrive que des chercheurs se fassent taper sur les doigts s’ils tiennent un[…]