Et de trois ! Après les succès de Ceci est mon corps et Ceci est mon cœur, Causette et les éditions Rageot s'associent une nouvelle fois pour proposer au public ado et jeune adulte Elles ne sont pas celles que vous croyez. Un ouvrage collectif qui revisite des figures féminines historiques au prisme du féminisme. En librairie mercredi 12 avril !

« Elles ne sont pas celles que vous croyez ! » Je vois, dites-vous, encore un livre sur les femmes invisibilisées ! Eh bien non, justement, celles dont traite ce livre, vous les connaissez. Et si Causette s’est associée une nouvelle fois aux éditions Rageot, c’est pour mettre un bon coup de chiffon sur les portraits poussiéreux de certaines héroïnes de l’Histoire, dont les destins ont été dénaturés et affadis.
Car il existe une forme particulièrement perverse de l’invisibilisation des femmes, c’est la contrefaçon de leur image. Une manière sournoise de raconter leur histoire de travers, de façon à leur retirer toute légitimité. Ainsi va la logique du patriarcat qui ne peut souffrir que des femmes aient pu réfléchir, agir, intervenir sur l’organisation de la société.
À ce jeu, les armes sont toujours les mêmes. Il s’agit de pervertir des traits de caractère, d’ignorer des talents, de noircir des désirs. Celle qui voulait être libre et se révoltait devenait « une dangereuse hystérique », celle qui avait soif d’apprendre était une frustrée stérile et sèche, celle qui s’intéressait aux arts jetait la honte sur sa famille par sa nature forcément perverse.
Nous avons bousculé ces clichés pour rendre leur vraie personnalité à de grandes figures historiques. Pour redéployer leurs choix dans toute l’ampleur de leurs actes.
Cinq journalistes de Causette ont pris leur plus belle plume pour leur en faire parure. Anna Cuxac, Sylvie Fagnart, Lauren Malka, Alison Terrien et Alizée Vincent ont reconstitué ces destins, mettant à profit les dernières découvertes de l’Histoire et des sciences, sous le contrôle de l’historienne Sarah Rey.
Nous sommes reparties de très loin, depuis l’époque paléolithique, sur la trace des Néandertaliennes qui vivaient il y a environ 350 000 ans (et jusqu'à 30 000 ans). Le mythe de la « femme au foyer », passant l’aspi dans sa grotte est bien révolu. Les paléontologues parlent aujourd’hui d’une vie où le partage des tâches était plus que probable (efficacité faisant loi), où la chasse, la défense de la tribu et l’exploration n’étaient pas réservées aux hommes.
Nous nous sommes attachés à Cléopâtre qui, loin d’être une séductrice calculatrice, fut une femme politique accomplie et une redoutable stratège. Comme beaucoup de femmes libres, elle fut affublée d’une réputation de nymphomane un peu creuse, alors qu’elle a œuvré pour la grandeur de l’Égypte face au colonisateur romain.
Jeanne la Pucelle, sainte et martyre… encore une dont l’Histoire a perverti la légende. Jeanne n’était pas une bergère illuminée, mais bien une puissante cheffe d’armée, charismatique et déterminée. Lors de son procès, elle fit douter ses ennemis même, par ses propos résolus, son humour et son mépris de la mort.
Charlotte Corday, meurtrière de l’illustre révolutionnaire Marat, n’avait rien de cette « hystérique » qu’on présenta longtemps dans les manuels d’Histoire. Alors que, fervente militante, elle choisit de mourir pour sa cause, et de faire de son crime un acte de revendication ultime.
Ada Lovelace, fille du poète Byron, passionnée par les maths – une anomalie pour une fille du XVIIIè siècle ! – ne fut pas non plus prise au sérieux. Pourtant, elle est à l’origine du premier calcul complexe réalisé par une machine, ancêtre des ordinateurs et des logiciels.
Emmeline Pankhurst, a bafoué les règles de son milieu bourgeois et de son époque, choisissant la désobéissance civile et la violence, pour défendre en Angleterre le droit de vote des femmes. Son nom fut longtemps oublié.
En France, également dans l’ombre, Alice Milliat a œuvré pour les sportives, pour qu’elles prennent d’assaut les sports « d’homme ». Elle a créé, en 1922 les premiers Jeux Olympiques féminins. Combien le savent ?
Le domaine de l’art n’est pas en reste, Sonia Delaunay en est en bon exemple. Ce qu’on connait le mieux d’elle ? Son mari ! Ses dons furent totalement effacés au profit de ceux de Robert, le célèbre peintre. Il aura fallu des décennies pour qu’enfin on distingue Sonia. Pourtant, architecture, design, peinture, elle avait toutes les dispositions !
Ces héroïnes, dans leur authenticité, fortes, curieuses, généreuses, nous espérons qu’elles resteront désormais, comme elles l’ont été pour nous, de prodigieuses inspiratrices au-delà des siècles. Et que d’autres, beaucoup d’autres, verront leur image revisitée et enfin débarrassées de toutes les légendes d’une Histoire encore trop misogyne.
Elles ne sont pas celles que vous croyez ! Un regard féministe sur l’Histoire, de : Anna Cuxac, Sylvie Fagnart, Lauren Malka, Alison Terrien et Alizée Vincent, 240 pages 15 euros, en librairie le mercredi 12 avril.