Rivalité nom féminin, l'excellent essai de l'autrice féministe publié l'année dernière, a connu une nouvelle notoriété après une chronique équivoque dans l'émission Quotidien soupçonnée de plagiat. L'occasion d'un entretien avec Racha Belmehdi.
Pour un peu, l'épisode aura donné l'impression d'illustrer ce que ces deux femmes cherchaient à dénoncer. Le 9 février, la journaliste de l'émission Quotidien (TF1) Ambre Chalumeau consacre sa chronique aux représentations de la rivalité féminine dans la pop-culture, à l'occasion de la venue de la conseillère de Paris Rachida Dati sur le plateau et l'évocation de son inimitié avec la maire Anne Hidalgo. Dans la foulée, l'autrice féministe Racha Belmehdi publie sur son compte Instagram un texte dans lequel elle estime avoir été volée de son travail : parmi les exemples cités par Ambre Chalumeau pour illustrer son propos, nombreux sont ceux qui sont analysés dans l'essai que Racha Belmehdi a fait paraître en février 2022. Or, Favre, la maison d'édition qui a publié Rivalité, nom féminin, une lecture féministe du mythe, avait reçu une demande de la production de Quotidien pour recevoir le livre et l'avait envoyé. A l'antenne, jamais Rivalité, nom féminin n'est cité.
Pire : les protestations de l'ancienne journaliste Racha Belmehdi ayant eu un bel écho sur les réseaux sociaux, Ambre Chalumeau se fend d'une « mise au point » dans le Quotidien du 13 février. Dedans, la chroniqueuse assure ne pas avoir lu le livre de Racha Belmehdi et avoir puisé dans sa culture générale et ses propres recherches les exemples cités. De fait, ces dénégations ne s'accompagnent d'aucune excuse. Dans une pirouette finale, le présentateur Yann Barthès assure dédaigneusement que l'exemplaire va être retourné à la maison d'édition. « Ce moment télévisuel est une marque de mépris », commente alors Racha Belmedhi dans un nouveau post Instagram. Si, ironiquement, certain.es verront dans cette joute deux femmes qui « se sont crêpé le chignon » en public, il semblerait que se soit joué ici un rapport de force – une autrice indépendante et racisée versus le collectif starifié d'un des talk shows les plus puissants du PAF – qui dessert le propos, pourtant important.
Bonne nouvelle néanmoins : l'incident a donné un second souffle à cet essai ultra documenté et foisonnant, qui défriche un pan encore peu analysé des relations entre femmes. Celui de la compétition, de la jalousie et des coups bas, alimentés par un « patriarcapitalisme », selon le néologisme de l'autrice, qui fut un temps journaliste. Plutôt que de nous faire croire que les femmes sont des[…]
[…] général dans la culture française, et où des personnalités comme Aya Nakamura, Alice Diop ou Racha Belmehdi sont ouvertement méprisées, on ne peut plus se voiler la face sur la question du népotisme. […]