Causette fait le point sur les nouvelles du monde dont nous pouvons nous réjouir sur le front des luttes pour les droits des femmes.

On le sait depuis Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. » La crise mondiale de la Covid, sanitaire autant qu’économique, n’a pas manqué de nous faire vérifier l’adage. A l’échelle individuelle, les femmes ont été en première ligne du front des métiers du care, dans une posture souvent sacrificielle pour le bien de la communauté. Le confinement, qui a relégué d’autres femmes à leurs foyers, a eu lui aussi trop souvent de terribles conséquences : au mieux, augmentation des inégalités en matière de partage des tâches, au pire, accroissement des violences conjugales.
Outre le coronavirus, des forces conservatrices ont fait de la résistance face au progrès pour les droits des femmes partout dans le monde : c’est la Pologne qui cherche à interdire totalement l’avortement, le Japon qui repousse ses objectifs de progression de la parité femmes-hommes, ou encore l’Arabie saoudite qui vient de mettre en prison la militante féministe Loujain al-Hathloul.
A l’heure du bilan et sans naïveté aucune, Causette vous propose tout de même une recension de dix bonnes nouvelles pour les droits des femmes de par le monde, comme autant de succès féministes dont nous pouvons nous réjouir. Tout en restant vigilantes face à la précarité de ces victoires, puisqu’il suffira d’une nouvelle crise…
L'Argentine légalise l’avortement
Ce 30 décembre, une marée de femmes vêtues de la couleur de leur lutte, le vert, a envahi les rues de Buenos Aires. Une immense fureur de joie chez elles, des frissons solidaires chez nous à les voir exulter. Après des années de combat, les Argentines ont enfin arraché à leurs parlementaires le droit à l'avortement. Après la chambre des députés le 11 décembre, le Sénat argentin a approuvé sa légalisation, à 38 voix contre 29 (et une abstention).
L'Argentine rejoint dans la liste des pays d'Amérique latine à autoriser sans condition l'IVG Cuba, l’Uruguay, le Guyana et, au Mexique, la ville de Mexico et l'Etat de Oaxaca. Les dissensions entre pro et anti-avortement ont été jusqu'au bout très vives, dans un pays traditionnellement catholique et alors que les sénateurs avaient rejeté un texte similaire en 2018. Depuis 1921, la loi était inchangée, et autorisait uniquement des interruptions de grossesse dans le cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Toutes nos félicitations aux militantes argentines qui viennent de gagner leur droit à disposer de leur corps comme elles l'entendent des années de luttes.
Le Soudan et le Tchad renforcent leurs lois contre l’excision
Après le Soudan en mai 2020, le Tchad a emboîté le pas de son pays voisin et criminalisé les mutilations sexuelles en septembre dernier. Bien que ces pratiques soient interdites par la loi depuis 2002, de très nombreuses exciseuses les effectuent clandestinement, soutenues par des familles de jeunes femmes, qui souhaitent perpétuer une tradition ancestrale très ancrée. Face à l’échec de la sensibilisation initiée par l’Eglise catholique, et suite à un rapport alarmant de l’ONU qui rapporte qu’aujourd’hui, 80% des filles de 5 à 14 ans sont excisées, les autorités soudanaise et tchadienne ont mis en place ce renforcement législatif qui qualifie de crime la mutilation génitale féminine, auparavant considéré uniquement comme un délit. L’excision d’une jeune femme, qu’elle soit pratiquée dans un établissement médical ou non, est désormais punie de trois ans d’emprisonnement assortis d’une amende, au Tchad comme au Soudan.
Des protections hygiéniques gratuites pour toutes en Ecosse
L’Ecosse est devenue en février le premier pays du monde à fournir gratuitement des protections hygiéniques à toutes les femmes, sans condition d’âge ou de[…]