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Au Trocadéro le 4 mars 2024, des féministes suivent en direct la constituionnalisation de l'IVG. Photo by Dimitar DILKOFF / AFP)

Un 4 mars pour l’Histoire : le Congrès adopte l’inscription de l’IVG dans la Constitution à une écra­sante majorité

À l'issue d'un périple par­le­men­taire de longue haleine, l'IVG a inté­gré la Constitution ce lun­di, grâce à 780 voix favo­rables au Congrès réuni à Versailles. Un moment his­to­rique pour plu­sieurs cen­taines de fémi­nistes réunies au Trocadéro face à la tour Eiffel afin de vivre en direct et dans la joie le vote des parlementaires.

À 780 voix pour contre 72, le Congrès réuni à Versailles ce lun­di 4 mars a adop­té la révi­sion consti­tu­tion­nelle actant la “liber­té garan­tie” des femmes à avoir recours à l’interruption volon­taire de gros­sesse (IVG). Une stan­ding ova­tion a sui­vi le vote, qui a sanc­tua­ri­sé à une écra­sante majo­ri­té (la révi­sion consti­tu­tion­nelle néces­site les trois cin­quièmes du Congrès, soit 512 voix) l’IVG dans la Constitution, avant que des par­le­men­taires et des per­sonnes dans le public entonnent l’hymne des femmes, chan­son du MLF.

Le moment est his­to­rique, au Congrès comme dans la foule ras­sem­blée au Trocadéro à Paris. “Ça fait chaud au cœur de voir la France sanc­tua­ri­ser ce droit” : comme Brigitte Tirot, 72 ans, mili­tantes fémi­nistes et ano­nymes sont venues pour suivre sur écran géant le vote du Congrès pour ins­crire l’IVG dans la Constitution.

Dès 15 h 30, des dizaines de per­sonnes se sont regrou­pées face à un écran géant, ins­tal­lé non loin de la tour Eiffel, pour suivre en direct la réunion du Parlement au Château de Versailles pour faire de la France le pre­mier pays au monde à ins­crire expli­ci­te­ment dans sa Constitution l’IVG.

Parmi la foule, des per­sonnes de tout âge, dont une majo­ri­té de femmes. Debout, sur les pavés pari­siens, elles écoutent en silence les dis­cours des repré­sen­tants des dif­fé­rents groupes poli­tiques, dans une ambiance solen­nelle, en atten­dant le vote. Brigitte Tirot, retrai­tée du sec­teur des trans­ports, arri­vée à Paris en 1975 à l'époque des mani­fes­ta­tions pour sou­te­nir la loi Veil, espère que "plus per­sonne ne pour­ra remettre en ques­tion ce droit".

Après la série des dis­cours poli­tiques, les 925 par­le­men­taires du pays, sénateur·rices et député·es, ont voté pour ins­crire dans la Constitution “la liber­té garan­tie” des femmes à avoir recours à l’IVG.

Une majo­ri­té des trois cin­quièmes des suf­frages expri­més était requise pour approu­ver cette révi­sion consti­tu­tion­nelle. Elle devait tou­te­fois être atteinte sans dif­fi­cul­té : les député·es et les sénateur·rices s’étaient déjà prononcé·es mas­si­ve­ment en faveur, chacun·e de leur côté. “Le ceintre, plus jamais”, “4 mars on écrit l’histoire” ou encore “V comme vic­toire” : quelques mili­tantes bran­dis­saient des pancartes.

Marie Manzana, 24 ans, un grand dra­peau blanc de l’association Osez le fémi­nisme sur l’épaule, tenait à être pré­sente pour par­ta­ger “ce moment d’émotion” : “C’est beau­coup de joie et de sou­la­ge­ment car il y a eu des phases où l’on s’est dit que ça n’allait pas pas­ser”, confie-​t-​elle à l’AFP.

"Un réel espoir"

Le vote au Congrès cor­res­pond en effet au dénoue­ment d'une longue bataille poli­tique ini­tiée par la gauche, por­tée par les asso­cia­tions fémi­nistes et fina­le­ment embras­sée par le gou­ver­ne­ment après plu­sieurs ini­tia­tives parlementaires.

En atten­dant le résul­tat du vote, l’ambiance s’est faite plus fes­tive, les haut-​parleurs dif­fu­sant de la musique dyna­mique entre les prises de paroles de dif­fé­rentes asso­cia­tions. “Il fal­lait un dis­po­si­tif à la hau­teur de cette vic­toire his­to­rique”, déclare à l’AFP Floriane Volt, porte-​parole de la Fondation des femmes, qui a orga­ni­sé l’événement en par­te­na­riat avec la Mairie de Paris, dans ce lieu emblé­ma­tique du 16e arron­dis­se­ment, qui offre une vue plon­geante sur la tour Eiffel.

Des tou­ristes venu·es décou­vrir la Dame de fer s’interrogeaient elles·eux sur la nature de ce ras­sem­ble­ment. Martina Toniolo, 23 ans, étu­diante ita­lienne venue rendre visite à une amie, s’est enthou­sias­mée quand elle a appris que l’avortement allait être ins­crit dans la Constitution fran­çaise : “Pour nous, les Italiennes, ce genre d’événement repré­sente un réel espoir, j’espère que ça influen­ce­ra l’Italie, où ce droit ne fait que régres­ser.” Ola Tomczyk, Polonaise de 27 ans, s’est mon­trée elle plus réser­vée. “En Pologne, la loi est trop stricte, elle ne per­met pas aux femmes d’avorter, mais je ne vois pas non plus d’un bon œil le fait qu’on bana­lise l’avortement au point de l’inscrire dans la Constitution.”

Dans la foule se trou­vait éga­le­ment quelques familles. Parmi elles, Farid Azib, 53 ans, de pas­sage à Paris, a tenu à venir avec ses trois enfants pour leur incul­quer cer­tains prin­cipes : “Ce genre d’événement, c’est l’occasion d’aborder des sujets impor­tants avec des ados, comme la liber­té et le libre arbitre des femmes quand il s’agit de leur corps.” Son aînée, âgée de 16 ans, acquiesce : “C’est impor­tant de voir ça en direct. Quand un chan­ge­ment posi­tif impor­tant comme celui-​là est voté, ça me ras­sure et me donne espoir en tant que femme.”

Lire aus­si l Qui est Mélanie Vogel, la pétro­leuse du Sénat qui a lut­té avec convic­tion pour que l’IVG intègre la Constitution ?

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