Une récente enquête intitulée « Et maintenant ? », réalisée pour Arte et France Culture, montre un changement dans la perception du couple, du célibat et de la procréation pour les femmes issues des générations Y et Z.
Est-ce la fin du modèle du couple avec enfant(s) ? Pour une grande majorité de femmes millennials (25−39 ans) et issues de la génération Z (18−24 ans), la réponse est un franc oui. En tout cas, selon les résultats de l'enquête « Et maintenant ? » réalisée en novembre 2021 pour Arte et France Culture, et publiée récemment, par Monique Dagnaud, directrice de recherche au CNRS, et Justine Dupuis, démographe. Plus de 50 000 personnes ont répondu à cette étude sociologique diffusée sur les réseaux des deux médias. Avec cette méthode, les autrices reconnaissent l'existence d'un biais sur l'échantillon de ces jeunes, se concentrant sur « la jeunesse urbaine diplômée ». Mais estiment que cette population « reflète et impulse souvent des évolutions culturelles liées à sa génération ».
Première surprise résultant de ces travaux, les jeunes hommes apparaissent plus attachés à l'idée du couple que les jeunes femmes, contrairement à la croyance commune. Pour les femmes issues de la génération Y (86%) comme pour celles de la Z (74%), il est possible d'être heureuse sans avoir de relation amoureuse. Or, seulement 75% des hommes de 18–24 et 63% des hommes de 25–39 ans estiment cela possible. « Les nouvelles générations se révèlent ainsi moins sentimentales que leurs aînées. Par ailleurs, les femmes expriment plus nettement que les hommes ce relatif détachement à l’égard de l’expérience amoureuse, et ce quel que soit leur âge », analyse l'étude.
Aujourd'hui, plus les hommes et les femmes vieillissent, plus le couple n'est plus ce graal idéalisé. Ainsi, si 46% des femmes de 18–24 ans et 49% des hommes du même âge pensent que le couple est une question de bonheur plus que d'engagement, cela baisse dès que ces deux classes d'âge vieillissent, atteignant respectivement 37% et 41% chez les 25–39 ans. Un chiffre qui passe ensuite à 23% pour les femmes de plus de 55 ans et 31% pour les hommes. La succession, dès l'adolescence, de « relations plus ou moins heureuses ou épanouissantes » explique, en partie, pour les deux autrices, cette nouvelle vision de la vie à deux.
Le dérèglement climatique influe sur la procréation
Une autre donnée semble montrer un détachement avec le modèle traditionnel du couple avec un ou plusieurs enfants. Aujourd'hui, 52% des femmes âgées de 18–24 ans et 56% des 25–39 ans s'interrogent sur le fait d'enfanter, contre respectivement 39% et 50% des hommes issus des générations Y et Z. Le contexte du dérèglement climatique constitue, selon les autrices de l'étude, « un élément psychologique inédit qui s'est introduit dans la vie des couples » :
« Jusqu’à récemment, en France, avoir des enfants paraissait une option d’évidence, l’image de la famille avec enfants était magnifiée, les revendications sociales, d’ailleurs, allaient dans le sens d’une extension des droits à avoir un enfant. De fait seulement une très petite fraction des femmes échappait à la procréation, souvent en raison des circonstances plutôt que par souhait […]. Or, cette vision nataliste s’est retournée. Pour une majorité de personnes et dans toutes les générations, faire un enfant se présente comme un cas de conscience », rapportent Monique Dagnaud et Justine Dupuis.
Enfin, même le sexe en prend pour son grade. Pour 78% des femmes de la génération Z et 67% de celles de la Y, il est ainsi plus facile de se passer de faire l'amour que… de son smartphone. Des données globalement similaires chez les hommes (66% des 18–24 ans et 50% des 25–39 ans). L'amour, le couple, les enfants, le sexe… Les nouvelles générations remettent décidément tout en question.