Couple : les dra­mas couinent

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© Denelle & Tom Ellis

Après des années d’un ciel limpide, une ombre au tableau se pointe à l’horizon de notre amour : grand Poucet parsème notre vie commune de petits cailloux qui me donnent du grain à moudre sur l’écran noir de mes nuits blanches où je me fais mon cinéma. Il s’isole pour tapoter sur son téléphone comme un adolescent en pleine crise et souvent, le soir, il a un besoin, soi-disant vital, de marcher seul dans les rues afin d’y chercher l’harmonie et l’espace qui lui manquent dans notre maison surpeuplée d’enfants, de chat, de devoirs, de ménage, de cuisine et de quelques récriminations.

Ne sachant comment aborder le doute qui me taraude, j’organise un conseil de crise avec ma garde rapprochée de potes, autour de quelques bouteilles de rosé, pendant que l’intéressé garde les mioches.
Le sujet passionne, les idées fusent. C’est sûr, il a une aventure.
Ma copine Rosalie propose de mettre les pieds dans le plat en exigeant la vérité, le respect et surtout l’égalité. À ce propos, elle suggère de prendre illico un ou une amante.

Julie dit que c’est mieux de se transformer en détective pour avoir des preuves avant de passer au combat, parce que les mecs, c’est tous des menteurs.
Mon copain Raoul s’insurge, il trouve qu’il faut arrêter avec nos délires d’hétérosexuelles biberonnées au prince charmant, que c’est chacun·e sa liberté et si mon Indiana Jones a des envies d’aventures, c’est son droit, car personne n’appartient à personne. D’ailleurs, lui-même avec son amoureux, ils ne s’interdisent rien et même des fois, ils « s’amusent » à trois, ou quatre ou plus
Ma vieille copine Clarence, célibataire convaincue et adepte des sites de rencontre éphémère, ne jure que par le latex et les coups de cravache. Elle propose d’attacher Chéri au montant du lit avec des menottes ou de l’initier au shibari avec les cordes à sauter des enfants, parce que c’est sûrement de jouer au papa et à la maman qui ne le fait plus rêver.

Après moult débats, idées enflammées et bouteilles de rosé éclusées, je rentre à la maison le cerveau embrumé, mais bien décidée à affronter la situation.
Chéri ronfle innocemment sur le canapé, le chat sur les genoux. Émue, je le regarde une dernière fois avant de mettre mes pieds et tout mon corps dans le plat. Je le réveille. Il ouvre difficilement un œil, me demande, interloqué, pourquoi je pleure. Je ­bredouille en reniflant que j’ai tout deviné, que c’est pas grave : il n’est pas ma propriété ­privée, que je suis partante pour l’amour libre et même le libertinage s’il y a suffisamment d’alcool. Il faut juste qu’on s’organise pour savoir qui va s’occuper des enfants quand on ira voir nos amant·es respectif·ives et, sinon, je veux bien le fouetter de temps en temps, mais moi, personnellement, j’aime pas trop avoir mal. Je me souviens qu’il s’est mis à rigoler, ça m’a énervée et après, j’ai un trou de mémoire.


Ce matin, au réveil, j’avais super mal à la tête et absolument aucun sens de l’humour en lisant le petit mot près de la cafetière, juste à côté de la corde à sauter de Lili : « Vivement ce soir la partouze ! J’espère que tu seras en forme. T’invites qui ? »

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