Armée d’une paire de ciseaux et d’une bombe de colle, Nora Simon assemble et fait se rencontrer des œuvres picturales différentes dans les rues de Paris. Elle propose ainsi une nouvelle lecture de l’art accessible à tous·toutes.

La Jeune Fille à la perle au premier plan d’un paysage urbain signé Edward Hopper au cœur de Montmartre. Frida Kahlo adossée à la baignoire de Gabrielle d’Estrées dans le passage Briard du IXe arrondissement. La Vénus de Botticelli entourée des hommes de L'Assassin menacé de Magritte, rue de Douai à Paris. Voici quelques-uns des curieux collages réalisés par Nora Simon, que l’on peut apercevoir au détour d’une rue parisienne ou sur son compte Instagram. Depuis deux ans, l’artiste plasticienne de 35 ans a fait se rencontrer plus d'une centaine de chefs d’œuvres picturaux sur feuilles de papier grand format.
De prime abord, ces associations artistiques intitulées « Histoires doubles » peuvent sembler saugrenues. Et pourtant, les recompositions sont si harmonieuses, qu’elles semblent avoir toujours existées ainsi. Nora Simon réussi le pari de créer de nouvelles lectures, de nouveaux récits et finalement de nouvelles histoires en découpant puis en associant des chefs‑d’œuvre aux artistes, aux univers, aux courants artistiques et aux siècles pourtant complètement différents. Rencontre avec une artiste qui se plaît à sortir l’art des musées.
Causette : Comment est né le projet « Histoires doubles » ?
Nora Simon : C’est arrivé un peu par hasard même si j’ai toujours aimé le travail de collage et de découpage. Histoires doubles est née pendant le confinement, d’une rencontre fortuite entre une page d’un magazine d’art et une paire de ciseaux. Cette période suspendue m’a permis de développer un projet qui germait déjà depuis quelques mois dans ma tête. Au début, j’ai simplement voulu jouer avec des reproductions de peintures. De ses collages, sont ensuite nées de véritables rencontres entre des œuvres et des artistes que tout sépare. C’est après le confinement que j’ai décidé de les coller sur les murs des rues parisiennes.
« Coller ces créations dans la rue est une manière de déconstruire l’Histoire de l’art. »
Pourquoi la rue ?
N.S : Je pense que ça vient de mon parcours personnel. J’ai étudié le graphisme dans une école d’art parisienne puis l’Histoire de l’art avant de me tourner finalement vers la médiation culturelle. J’ai toujours eu l’envie de transmettre la culture artistique au plus grand nombre, et la[…]