Femme libre, cinéaste libertaire, autrice libertine, Nelly Kaplan est décédée le 12 novembre dernier à l’âge de 89 ans. Voici trois (bonnes) raisons pour voir et revoir La Fiancée du pirate, son film flambeau devenu culte…

- Parce que c’est un manifeste mal élevé, joyeux et précurseur. Ecrit par l’indomptable Nelly juste après mai 1968, La Fiancée du pirate envoie promener toutes les règles qui dominent alors la France de De Gaulle et Pompidou, inextricablement machiste et conformiste.
Jugez plutôt : son héroïne, la superbe Marie, vit dans une cabane avec sa mère bohémienne et un bouc, à l’orée d’un village qui les exploite sans vergogne. Le jour où sa mère meurt, écrasée par un chauffard, Marie décide de se venger de tous les notables alentour (maire, pharmacien, curé, etc.). Elle les fait payer, littéralement, en les attirant dans son lit, transformant ce bout de terre chrétienne en un formidable bordel. En clair, la pauvrette venue d’on ne sait où (c’est aussi ce qu’on lui reproche) choisit de ne plus subir : la prostitution devient une arme, qui lui permet de révéler l’hypocrisie de cette petite communauté avide et brutale.
Nelly Kaplan, foncièrement anar, n’y va pas avec le dos de la[…]