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© David Vintimer

Reforestation : solu­tions miracles ou coup de com ?

La refo­res­ta­tion a le vent en poupe. Gouvernements, entre­prises et par­ti­cu­liers s’en entichent et font plan­ter des arbres à tout va. Les pol­lueurs se payent-​ils une bonne conscience à grands coups de plantations ? 

Et sou­dain, sur le front du cli­mat, une lueur d’espoir trans­perce l’accablante lita­nie des mau­vaises nou­velles envi­ron­ne­men­tales. On est début juillet. « Planter des arbres : la meilleure solu­tion au réchauf­fe­ment cli­ma­tique selon un cher­cheur », se réjouit Les Inrockuptibles ; « Voici com­bien d’arbres il fau­drait plan­ter pour mettre fin à la crise cli­ma­tique », s’enthousiasme le fémi­nin Glamour ; « Pour lut­ter contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, plan­tons un mil­liard d’hectares de forêts », exige l’hebdomadaire L’Obs. À l’instar d’un prêche évan­gé­liste se répan­dant avec fer­veur par­mi les fidèles, les articles de presse relayant l’information sont par­ta­gés en masse sur les réseaux sociaux du monde entier. Car la parole scien­ti­fique l’affirme : on sait désor­mais où plan­ter les arbres qui vont cap­tu­rer le car­bone que les acti­vi­tés humaines déversent. Paru dans la pres­ti­gieuse revue Science le 5 juillet, l’article « Le poten­tiel mon­dial de la res­tau­ra­tion des forêts » car­to­gra­phie les « 0,9 mil­liard d’hectares », soit envi­ron la super­fi­cie des États-​Unis, dis­po­nibles sur la pla­nète pour plan­ter une cano­pée qui per­met­trait de « cap­tu­rer 205 giga­tonnes de car­bone ». De quoi épon­ger une grosse part des 300 giga­tonnes de car­bone émis depuis les débuts de l’ère indus­trielle. Et de quoi ras­su­rer tout le monde.
Sauf les huit géo­graphes et éco­logues contributeur·trices de l’étude qui ont des sueurs froides devant l’emballement média­tique. Le 9 juillet, face à son « reten­tis­se­ment pla­né­taire », l’un de ses cosi­gna­taires, Claude Garcia, publie une mise au point dans un blog sur LinkedIn : « Planter des arbres – voi­ci ce qu’ont rete­nu de nom­breux médias, et qui a cap­té l’attention du monde, observe l’écologue à l’École poly­tech­nique fédé­rale de Zurich (ETH) et au Centre de coopé­ra­tion inter­na­tio­nale en recherche agro­no­mique pour le déve­lop­pe­ment (Cirad). Pour autant, ce n’est pas le cœur de l’article. » Claude Garcia est même obli­gé de mettre les points sur les i. « Soyons clairs. Planter des arbres, lais­ser les forêts pous­ser, ne fera que res­ser­rer les courbes et ne chan­ge­ra pas leur orien­ta­tion géné­rale. […] [Cela] ne doit pas rem­pla­cer les efforts faits pour sor­tir de notre dépen­dance des éner­gies fos­siles et dimi­nuer notre empreinte éco­lo­gique. » Une nuance bien­ve­nue aux yeux de la com­mu­nau­té scien­ti­fique. Interrogé par Causette, Alain Karsenty, éco­no­miste et col­lègue de Garcia au Cirad, n’y va pas par quatre che­mins : « Les cher­cheurs devraient se poser[…]

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